
Plus tôt cette année, Ophea, le Mental Health and Physical Activity Research Centre (MPARC, Centre de recherche sur la santé mentale et l’activité physique) et Femmes et Sport Canada (FSC) se sont associés pour organiser une série de webinaires gratuits. Ceux-ci ont examiné le lien entre les possibilités d’activité physique à l’école et la santé mentale des élèves. Ophea a offert à l’équipe de recherche du MPARC l’occasion de présenter ses conclusions à deux publics distincts : le personnel enseignant et les responsables communautaires et décideurs du système. Cette approche a permis aux participants d’obtenir des stratégies pertinentes et concrètes pour tirer parti des possibilités équitables en matière de sport et d’activité physique favorisant la santé mentale des élèves.
Les deux webinaires s’appuyaient sur les conclusions du rapport « Applying a Gender Equity Lens to Understand Sport and Physical Activity Opportunities and Barriers in Ontario Schools » (Appliquer une perspective d’égalité des genres pour comprendre les opportunités et les obstacles liés au sport et à l’activité physique dans les écoles de l’Ontario), un projet de recherche conjoint du MPARC et de FSC dirigé par la directrice du MPARC, Dre Catherine Sabiston, qui visait à comprendre le sport et l’activité physique dans le contexte scolaire. Les recherches du MPARC mettent en évidence les défis à surmonter pour que les filles et les jeunes de genres divers participent davantage aux activités sportives à l’école. Elles montrent également comment l’offre d’activités physiques dans un contexte scolaire peut favoriser la santé mentale de l’ensemble des élèves, en particulier chez les filles et les jeunes de genres divers.
Conclusions de la recherche
La première phase de la recherche du MPARC, qui consistait en une analyse approfondie des données et des politiques actuelles, a révélé que la promotion explicite de l’activité physique dans les écoles de l’Ontario était limitée; parallèlement, on observe des taux de participation plus faibles à l’activité physique chez les filles et les jeunes de genres divers. Au cours de la deuxième phase, le MPARC a demandé aux élèves et aux dirigeants scolaires de toute la province de répondre à un questionnaire pour mieux comprendre les facteurs qui influencent les programmes offerts et les tendances actuelles en matière de participation des élèves.
La deuxième phase de cette recherche a mis en évidence des obstacles persistants, tels que le manque de programmes inclusifs, les ressources limitées et les priorités différentes des garçons par rapport aux filles et aux jeunes de genres divers. Malgré les nombreux avantages bien documentés associés à la participation au sport et à l’activité physique, le rapport de 2024 de ParticipACTION indique que 61 % des enfants et des jeunes Canadiens ne respectent pas la recommandation en matière d’activité physique énoncée dans les Directives canadiennes en matière de mouvement sur 24 heures pour les enfants et les jeunes (ParticipACTION, 2024). De plus, les recherches ont systématiquement montré une sous-représentation des filles, des jeunes femmes et des jeunes de genres divers dans le sport et l’activité physique au Canada, les garçons étant jusqu’à deux fois plus susceptibles que les filles de respecter la recommandation en matière de mouvement (ParticipACTION, 2024).
Une meilleure compréhension des attitudes et des croyances des filles à l’égard du sport et de l’activité physique à l’école pourrait éclairer ces disparités et faire ressortir des éléments d’intervention potentiels pour accroître la participation. Les jeunes ont tendance à devenir moins actifs à l’adolescence, quel que soit leur genre, mais la baisse des taux de participation est disproportionnée chez les filles et les jeunes de genres divers; environ un tiers des filles abandonnent le sport pendant leur adolescence, souvent en raison de préoccupations liées à la qualité des programmes. Au fil du temps, cela se traduit par un écart de 22 % entre la participation des filles âgées de 15 à 18 ans et celle des filles âgées de 9 à 11 ans (Femmes et sport au Canada, 2022).
Les ressources limitées et les priorités concurrentes dans les écoles font en sorte que les membres de la communauté scolaire ont besoin de moyens concrets pour promouvoir l’activité physique, qui sont fondés sur des données probantes et pertinents pour leur rôle. L’interdépendance du bien-être physique et mental offre des moyens d’améliorer la santé mentale par le mouvement, ce qui ouvre de nouvelles possibilités de faire augmenter la participation à l’activité physique qui sont liées à d’autres objectifs importants qui sont énoncés explicitement dans le plan d’amélioration de nombreuses écoles ou de leur conseil scolaire.
Recommandations pour le personnel en éducation
D’autres études sont nécessaires pour comprendre comment les obstacles connus auxquels font face les filles et les jeunes de genres divers (p. ex., le manque de possibilités de qualité et le sentiment d’appartenance) se manifestent dans les écoles et pour déceler les obstacles structurels propres au système scolaire de l’Ontario. En attendant, les éducateurs ont une occasion unique d’influencer le changement dans leur communauté scolaire. En les dotant de stratégies visant à accroître l’activité physique, on peut contribuer à créer des classes et des communautés scolaires qui aident les filles et les élèves de genres divers à participer plus pleinement aux activités physiques offertes à l’école.
Sarah Ryan, du MPARC, a proposé ces conseils pour le personnel en éducation qui souhaite promouvoir le bien-être et la santé mentale des élèves par l’activité physique :
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Intégrez l’activité physique à plusieurs moments de la journée scolaire.
Que ce soit par l’activité physique quotidienne (APQ), les cours d’éducation physique et santé (EPS) ou d’autres activités tout au long de la journée, bougez avec vos élèves de manière nouvelle et stimulante! L’intégration de l’activité physique tout au long de la journée scolaire offre la possibilité d’explorer différents types de mouvements, ce qui permet aux élèves de déterminer ceux qui leur conviennent le mieux. Si vous cherchez des outils pour vous aider à introduire différentes formes d’activité physique de manière accessible et par petites doses, pensez à explorer les ressources « L’APQ chaque jour » et « 50 GIF d’activités physiques » d’Ophea!
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Créez des environnements affirmatifs favorisant la participation de l’ensemble des élèves.
Les activités physiques intentionnelles qui portent attention aux besoins, aux souhaits et aux champs d’intérêt d’un plus grand éventail d’élèves tout en incarnant des valeurs inclusives et affirmatives peuvent élargir l’accès à l’activité physique à l’école et améliorer la santé mentale des élèves. De nombreux facteurs contribuent à la création de tels environnements, et Ophea est là pour vous aider! Les membres du personnel en éducation peuvent utiliser les ressources d’Ophea, comme « La pédagogie sensible et adaptée à la culture en éducation physique et santé », « Le mouvement pour les personnes ayant une déficience : soutien pour l’éducation physique inclusive », « Arrêtez, commencez, envisagez! : Pratiques centrées sur l’élève en éducation physique et santé », et « Le jeu pour tous : stratégies pour des activités intra-muros inclusives » afin d’examiner leurs pratiques et de s’assurer qu’elles reflètent un engagement envers la diversité et des environnements d’apprentissage inclusifs et accueillants pour les élèves.
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Profitez des occasions d’être (ou de présenter) un modèle de rôle.
Le MPARC a constaté que 30 % des adolescentes considèrent les membres du personnel enseignant comme des modèles de rôle importants, ce qui souligne l’occasion qu’ont ces derniers et d’autres membres du personnel scolaire (p. ex., les entraîneurs) de retenir activement les filles dans le sport et l’activité physique. De plus, 40 % des filles ont exprimé le souhait d’avoir des modèles de rôle de leur identité de genre. Le personnel peut offrir aux élèves des occasions de se reconnaître dans leur apprentissage en utilisant des ressources qui mettent en valeur diverses habiletés, couleurs de peau, aptitudes et identités, et en choisissant des personnes invitées qui répondent aux mêmes critères. L’une des principales conclusions de la recherche du MPARC est le rôle que le personnel en éducation peut jouer pour aider les élèves à comprendre que le sport, l’activité physique et le mouvement sont vraiment pour tout le monde, ce qui peut contribuer à éliminer les obstacles à la participation qui trouvent leur origine dans des stéréotypes et des préjugés néfastes (p. ex., « les filles ne font pas de sport »).
Recommandations pour les dirigeants communautaires et les responsables du système
Alors que le sport en dehors de l’école est de plus en plus coûteux et inaccessible pour beaucoup de personnes, le sport et l’activité physique à l’école restent des moyens efficaces d’établir de bonnes habitudes pour la santé qui permettent à chaque élève de s’épanouir tout au long de sa vie.
De nombreux plans d’amélioration des écoles et des conseils scolaires sont axés sur le bien-être des élèves, mais pourraient tirer parti d’un lien plus explicite entre les moyens d’accroître l’activité physique pour soutenir directement cet objectif et l’accès accru aux autres avantages d’une vie saine et active. Les liens entre la participation des élèves aux sports scolaires et l’amélioration de la santé mentale, du sentiment d’appartenance et des résultats scolaires sont évidents (Femmes et sport au Canada, 2022), et pourtant, le MPARC a constaté que seuls 14 % des dirigeants scolaires considèrent une participation accrue à l’activité physique comme l’une de leurs trois principales priorités.
L’établissement d’un lien explicite entre le bien-être des élèves et les possibilités d’activité physique représente un changement stratégique intentionnel pour l’atteinte de l’objectif d’amélioration du bien-être des élèves. Les dirigeants des conseils scolaires peuvent contribuer à lancer un élan des façons suivantes :
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Promouvoir explicitement l’activité physique comme moyen d’améliorer la santé mentale des élèves.
Que ce soit dans les plans d’amélioration des écoles, les plans d’amélioration des conseils scolaires ou les communications avec les parents/tuteurs et la communauté scolaire dans son ensemble, il faut parler du lien entre l’activité physique et la santé mentale, et faire la promotion des possibilités d’activité physique offertes dans la communauté scolaire!
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Placer la voix et les choix des élèves au cœur de la planification des programmes.
Cela permet non seulement aux élèves d’influencer directement les programmes, mais favorise également un environnement dans lequel les élèves se sentent capables de créer et de mettre en œuvre leurs propres initiatives. Les échanges avec les divers groupes d’élèves, en particulier ceux qui représentent des élèves racialisés et marginalisés qui ont été défavorisés par le passé et qui le sont toujours aujourd’hui, comme les associations d’élèves noirs, les alliances genres, identités et sexualités (AGIS) et les groupes d’élèves autochtones, sont une façon de leur donner des moyens d’agir et favorisent l’élaboration de programmes plus susceptibles d’encourager la participation!
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Créer des environnements inclusifs et accessibles pour tous les élèves.
La conception de programmes permettant à chaque élève de s’épanouir dans le sport et l’éducation physique garantit que les élèves disposent de points d’entrée adaptés à leurs habiletés, capacités et champs d’intérêt divers. Les dirigeants scolaires peuvent également éliminer les obstacles à la participation en assurant une concordance entre les ressources et politiques (p. ex., horaires d’accès aux terrains ou aux gymnases et aux équipements récréatifs) pour que les ressources soient réparties de manière équitable et que chaque élève puisse avoir accès à des installations convenables (p. ex., vestiaires, toilettes).
Et pour la suite des choses?
Les conclusions du MPARC indiquent que, malgré les preuves documentées du lien entre l’activité physique et la santé mentale, trop peu d’écoles ontariennes promeuvent explicitement l’activité physique. Considérant la baisse des taux d’activité physique qui accompagne les rapports faisant état d’une augmentation des problèmes de santé mentale chez les enfants et les jeunes, les recherches du MPARC mettent en évidence une occasion d’adopter une approche globale du bien-être des élèves.
En tant qu’éducateurs, dirigeants et membres de la communauté scolaire, nous pouvons renforcer le lien entre l’activité physique et le bien-être. Le sport et l’activité physique à l’école peuvent être des vecteurs de sentiment d’appartenance à l’école, ce qui permet aux élèves de prendre soin de leur santé physique et mentale de manière complémentaire, dans le cadre d’un tout interrelié.
Des produits de connaissances présentant ces conclusions sont en cours d’élaboration. Restez à l’affût pour plus d’informations sur ce travail passionnant!
Bibliographie :
Femmes et sport au Canada. Le signal de ralliement 2022. URL : https://womenandsport.ca/fr/rally-report-2022/
ParticipACTION. Ensemble pour la résilience : Garder les enfants et les jeunes actifs dans un climat en changement. 2024. URL : https://www.participaction.com/wp-content/uploads/2024/05/2024-Bulletin-des-enfants-et-des-jeunes-Bulletin-complet.pdf