L’équité pour un sentiment d’appartenance

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Une image prise de haut de plusieurs mains de couleur de peau différentes tendues vers le centre d'une table en bois. Sept pièces de puzzle, chacune d'une couleur différente, sont tenues par des mains différentes alors que les personnes essaient de trouver la meilleure façon de les assembler. Les icônes sur les pièces du puzzle comprennent des engrenages, une ampoule électrique et un graphique indiquant une tendance à la hausse.

Pour veiller à l’inclusion dans les communautés scolaires, il faut comprendre que chaque personne fait partie de l’ensemble et qu’elle est digne d’un environnement où elle peut apporter sa contribution, participer et s’épanouir.  

En ce qui concerne l’amélioration de l’équité, particulièrement dans les écoles de l’Ontario, la plupart d’entre nous ont des objectifs ambitieux. Après tout, c’est le désir d’aider les élèves à s’épanouir qui attire souvent les éducateurs et les administrateurs vers cette carrière.   

Qui plus est, nous savons que les environnements d’apprentissage inclusifs sont bénéfiques pour l’ensemble des élèves et non seulement pour ceux qui sont parfois marginalisés. Comme l’explique Tammy Dixon, une enseignante au secondaire au Conseil scolaire de district catholique de Dufferin-Peel, « Lorsque l’on accorde à l’équité une place de premier plan, les élèves font preuve de plus de créativité. Ils se sentent en sécurité et s’intéressent davantage à leur apprentissage. »  

Et bien que les bonnes intentions et une compréhension des bienfaits de l’équité constituent un bon début, ils ne sont pas suffisants pour engendrer un changement durable. Pour ce faire, nous devons adopter une approche holistique axée sur l’équité, la diversité et l’inclusion.  

Une approche axée sur l’équité n’a jamais été plus importante.  

Les connaissances et les habiletés acquises par les élèves dans le programme-cadre d’éducation physique et santé (ÉPS) leur permettront de mener une vie saine et active et d’exceller dans un monde qui ne cesse de changer.   

Chez Ophea, nous savons bien que l’ÉPS de qualité doit être fondée sur la promotion d’un sentiment d’appartenance. Malheureusement, nous savons aussi que par le passé, l’ÉPS a joué un rôle dans le colonialisme au Canada, et qu’elle est encore impliquée dans le racisme, le capacitisme et plusieurs autres comportements oppressifs dans le système de l’éducation.   

De plus, la pandémie de la COVID-19 a exacerbé les iniquités importantes auxquelles font face les élèves dans leur quête pour la santé et le bien-être à l’école. Nous ne pouvons nous permettre de laisser autant de nos apprenants passer à travers les mailles du filet.     

C’est pourquoi Ophea réoriente ses efforts pour que l’équité y soit en priorité dans le cadre de sa stratégie axée sur l’équité pour favoriser le bien-être dans les écoles de l’Ontario.    

Il n’y a pas de solution miracle en ce qui concerne l’équité.   

Selon Maliesha Murali, enseignante à l’élémentaire au Conseil scolaire du district de la région de York, « Nous devons écouter, nous devons apprendre, et nous devons faire preuve de patience. Parfois, nous allons rater notre coup. Nous voulons obtenir de l’information rapidement et obtenir des résultats presque instantanés. Malheureusement, je ne crois pas que l’équité fonctionne de cette façon. »  

Tammy Dixon a été témoin de cette attente d’une solution miracle. En 2020, à la suite des manifestations causées par le meurtre de George Floyd, plusieurs organisations et conseils scolaires tenaient à aborder la question de l’équité. Elle se demande, « Est-ce que c’était le sujet de l’heure à l’époque? Ou était-ce vraiment quelque chose qu’ils souhaitaient aborder? Les mesures prises nous donnent la réponse. »  

À l’école de madame Dixon, une série d’activités de perfectionnement professionnel sur l’équité a été offerte au personnel enseignant. Bien que le contenu ait présenté des renseignements utiles pour favoriser l’apprentissage dans cet espace, elle nous explique qu’il aurait été plus utile de recevoir un meilleur encadrement et un soutien continu pour la mise en œuvre au quotidien en classe. Elle souligne, « Si nous faisons de l’équité une case à cocher sur une liste et que la prestation du contenu ne se fait pas toujours par des professionnels qualifiés avec de l’expérience vécue, réfléchissez à ce que vont ressentir les élèves dans nos écoles à l’avenir. »

La promotion de l’équité commence par l’écoute.

Parmi les éléments importants qui font partie de la stratégie renouvelée d’Ophea pour la création d’environnements d’apprentissage équitables, on compte la mise en lumière des propos de ceux qui ont des expériences de marginalisation; les échanges et la collaboration avec les groupes dont les efforts sont axés sur l’équité; et l’utilisation de cadres de travail fondés sur l’équité (comme l’intersectionnalité et une approche pédagogique pertinente et sensible à la réalité culturelle). 

Selon l’expérience de Maliesha Murali, les élèves sont particulièrement disposés à participer lorsque l'écoute liée à l'équité adopte ce type d'approche holistique.

« Nous devons poser les bases pour des espaces et des possibilités équitables, et ce, parfois même seulement avec les récits que nous comptons. Par exemple, nous devons veiller à ce que les récits concernant des personnes noires, autochtones et de couleur ne soient pas seulement liés à des systèmes d’oppression. Bien sûr que ça représente une partie importante, mais il y a aussi la possibilité d’examiner et de célébrer. Les enfants sont très heureux lorsque ces récits sont présentés d’une nouvelle façon positive. » selon Maliesha Murali

Dans un même ordre d’idée, lorsque le personnel enseignant prend le temps de connaître la diversité présente parmi les apprenants dans leur salle de classe, y compris leur origine culturelle, leurs expériences vécues, leurs forces et leurs besoins, il peut mieux créer un environnement d’enseignement et d’apprentissage personnalisé. Comme le conseille Murali, « Apprenez à connaître vos apprenants. Déterminez les outils dont ils ont besoin pour réussir, puis prenez votre apprenant le plus vulnérable pour commencer. »   

Il faut une approche holistique pour favoriser l’équité. 

Comme l’explique Vishaal Beharry, coordinateur de la stratégie de mobilisation des jeunes quant à la vaccination à la ville de Toronto, la création d’environnements équitables prend du temps, un engagement et du soutien financier; ses perspectives sont renseignées par ses conversations avec des jeunes sur la présence de leurs valeurs dans l’éducation.  

Et bien qu’il constate un plus grand engagement envers l’équité chez les jeunes, le personnel enseignant et les dirigeants au sein des communautés scolaires, il demeure incertain de ce même engagement aux échelons supérieurs.  

Selon Dixon, l’origine du problème concerne les questions de représentation. La majorité des personnes qui occupent des postes de pouvoir sont des hommes blancs hétérosexuels sans déficiences qui ont de la difficulté à comprendre ce qu’ils n’ont pas vécu.   

Comme elle l’explique, « Certains dirigeants au sein du gouvernement sont incapables de voir qu’ils oppriment d’autres personnes. C’est leur angle mort. » Jusqu’au jour où nous élirons des dirigeants qui reflètent la diversité présente au Canada et notamment qui comprennent et adoptent une approche intersectionnelle lors de l’évaluation critique de systèmes d’oppression; Dixon croit que les ateliers et les formations ne devraient pas être les seules façons de promouvoir l’équité dans les communautés scolaires.     

Dixon croit également que la présence de modèles de référence et de dirigeants scolaires qui ont les mêmes identités que les élèves est importante, autant pour que les élèves se sentent concernés par le système d’éducation d’aujourd’hui que pour la profession enseignante. Si les élèves ne peuvent s’imaginer dans ces rôles, la proportion de candidatures de personnes noires, autochtones et de couleur dans les établissements de formation du personnel enseignant demeurera faible. 

Les présomptions sont des raccourcis qui engendrent des résultats désastreux. 

Bien entendu, ce ne sont pas seulement les personnes qui occupent des postes de pouvoir qui ont des angles morts. Nous sommes tous issus de certains milieux et nous avons tous vécu certaines expériences qui façonnent nos croyances sans que nous en soyons conscients.

« Les présomptions sont un signe d’une volonté de plus facilement classifier et traiter nos interactions avec le monde, et ce, à notre détriment, » selon Beharry.   

Cela peut engendrer des résultats désastreux en classe. Selon Murali, « les préjugés sont responsables d’occasions ratées. Lorsque nous présumons qu’un élève peut seulement faire A, B et C, nous fixons la barre plus basse qu’à l’habitude. Les présomptions ne laissent pas de place aux erreurs et à la croissance, et pourtant ce sont les éléments les plus importants de l’apprentissage. »

Une compréhension commune en vue d’un avenir équitable.

Murali se souvient qu’au cours des années 2016 à 2018, son école avait des ressources financières pour la mise en œuvre d’une approche pédagogique pertinente et sensible à la réalité culturelle; ces ressources ont été utilisées pour organiser une série d’assemblées étudiantes portant sur l’équité. Par exemple, lors des rencontres pour les élèves de la maternelle à la 3e année, les discussions portaient sur la signification de l’équité, des photos montrant des exemples concrets ont été présentées, et un livre d’histoire à ce sujet a été lu. Les élèves de la 7e et 8e année ont, quant à eux, appris à reconnaître et à dénoncer les microagressions.   

Malheureusement, ce financement a été cessé, mais Murali se souvient avec espoir de son impact. Elle raconte, « C’était formidable de voir le mouvement créé à l’époque par les élèves. Il y avait un effet de vague. Cet apprentissage s’est poursuivi tout au long de l’année scolaire; des centaines d’élèves avaient une compréhension commune de la signification de l’équité. Lorsque j’imagine l’avenir de l’équité et de la diversité, c’est à ça qu’il ressemble. »

Les éducateurs ne peuvent arriver à créer seuls des environnements d’apprentissage équitables. 

Tout comme la communauté scolaire de Murali a commencé par une compréhension commune, nous devrons tous être sur la même longueur d’onde pour créer des environnements d’apprentissage plus équitables dans les quatre coins de la province.  

Le rôle d’Ophea sera notamment de continuer à déterminer le profil démographique et les besoins en matière d’apprentissage du personnel enseignant, de la direction et des dirigeants scolaires et des dirigeants régionaux et provinciaux; de souligner les salles de classe, les écoles et les conseils scolaires ayant une culture florissante d’équité; et de faciliter les discussions dans l’ensemble du système sur la valeur du bien-être, de l’équité et des droits de la personne.

Déterminer les progrès réalisés. 

Ophea reconnaît que la création d’environnements d’apprentissage équitables ne se fera pas facilement ou rapidement, et ce n’est pas un problème. Les progrès réalisés en vaudront la chandelle.    

« Lorsque l’on cultive et célèbre l’équité dans la communauté scolaire, ces gestes se font ressentir dans tous les aspects de la vie, » raconte Beharry. « Les élèves continuent d’accorder de l’importance à l’équité lorsqu’ils quittent la salle de classe et mènent leur vie dans la communauté ». C’est formidable, car, en bout de compte, nous comptons sur les jeunes d’aujourd’hui pour poursuivre les efforts à l’avenir.  

Entretemps, le but est de continuer à écouter, à apprendre et à progresser. Heureusement, alors que nous progressons peu à peu, il y a un moyen simple de déterminer si nous sommes sur la bonne voie. Comme le raconte Murali, « Ça ressemblera à un sentiment d’appartenance. Dans un environnement équitable, vous vous sentirez apprécié, vu et validé. Vous vous sentirez important. Je crois que c’est, à tout le moins, ce que nous méritons tous. »