Favoriser la santé des élèves et leur capacité d’apprentissage avec une approche plus flexible dans la mise en œuvre de l’activité physique quotidienne.
Selon les Directives canadiennes en matière de mouvement sur 24 heures à l’intention des enfants et des jeunes, les enfants âgés de 5 à 11 ans devraient faire au moins 60 minutes par jour d’activité physique d’intensité moyenne à élevée. Ce faisant, ils profitent de divers bienfaits, y compris un meilleur profil de composition corporelle, de condition physique cardiovasculaire et musculosquelettique, de réussite scolaire, de cognition, de régulation des émotions, de comportements prosociaux, de santé cardiovasculaire et métabolique, et de qualité de vie globale.1 Lorsqu’il en vient à l’activité physique, même les activités de courte durée permettent d’accumuler des bienfaits ; c’est pour cette raison que le ministère de l’Éducation a publié le 5 octobre 2017 la version révisée de la politique sur l’activité physique quotidienne (APQ), la note Politique/Programmes no 138.
Les écoles sont toujours tenues de veiller à ce que les élèves fassent au moins 20 minutes d’APQ pendant les heures d’enseignement, mais la nouvelle politique permet que l’activité se fasse dans un bloc de 20 minutes ou que de petits blocs de temps soient intégrés au cours de la journée d’enseignement. Cela facilite l’application de la politique sur l’APQ et permet d’interrompre de longues périodes de sédentarité lors de la journée à l’école, tout en donnant la possibilité aux élèves d’accumuler 60 minutes d’activité physique d’intensité moyenne à élevée.
Poursuivez votre lecture pour apprendre pourquoi l’APQ est d’une telle importance pour la santé, le bien-être et la réussite des élèves ; comment mettre à profit cette nouvelle approche plus flexible pour faire bouger tous les élèves ; et où trouver des ressources et du soutien à ce sujet.
Pourquoi l’APQ est-elle importante ?
À eux seuls, les cours d’ÉPS ne suffisent pas !
L’APQ représente une partie importante de la journée à l’école. Elle fait partie du programme Écoles saines, et elle s’aligne avec la vision de l’éducation énoncée par le ministère de l’Éducation, Atteindre l’excellence, et la stratégie du gouvernement pour la promotion du bien-être, car la participation à l’activité physique contribue à l’amélioration du bien-être et du rendement scolaire des élèves.
Comme l’explique Heather Irwin, porte-parole du ministère de l’Éducation, « Les études révèlent que l’activité physique d’intensité modérée à élevée aide à renforcer les os et les muscles, à améliorer les fonctions cognitives, et à maintenir un poids santé, et elle réduit le risque de maladies chroniques comme les maladies cardiovasculaires et le diabète de type 2. »
Bien que la plupart des enseignants connaissent les nombreux bienfaits de l’activité physique, avec autant de tâches à accomplir, il peut être tentant même pour les enseignants les plus dévoués de laisser la responsabilité de l’activité physique à quelqu’un d’autre. Après tout, du temps est prévu à l’horaire pour permettre aux élèves de faire de l’éducation physique et l’APQ permet d’aborder des attentes et des contenus d’apprentissage du programme-cadre d’ÉPS.
Il ne fait aucun doute que le temps consacré à l’éducation physique est important, mais à lui seul, il n’est pas suffisant. Comme l’explique Robin MacDonald, enseignante-ressource en matière de différenciation pédagogique pour le Near North District SchoolBoard, « Surtout dans les plus grandes écoles qui doivent partager leurs installations, plusieurs élèves ont seulement la possibilité d’aller au gymnase une, deux ou trois fois par semaine. »Sans du temps consacré à l’APQ, plusieurs élèves ne réussiraient pas à accumuler les 60 minutes recommandées d’activité physique chaque jour.
En réservant du temps pour l’APQ, il est possible d’engendrer des bienfaits importants.
Même si prévoir du temps pour l’APQ peut initialement sembler être une tâche de trop, les enseignants qui l’intègrent à leurs habitudes constatent que les bienfaits sont bien plus nombreux que les inconvénients. Mis à part les bienfaits sur la santé déjà mentionnés, les études montrent que ceux qui sont physiquement actifs pendant aussi peu que 20 minutes par jour ont des cerveaux plus actifs, de meilleurs résultats aux examens standardisés et une meilleure attention en classe.2
Comme l’explique Nick Biagini, directeur au Immaculate Conception Catholic Schoolà Toronto, « Les enfants qui font chaque jour des activités d’intensité élevée améliorent leurs capacités cognitives. Cela signifie qu’il est possible de consacrer moins de temps à l’enseignement des matières du curriculum tout en permettant aux élèves de retenir autant d’information. »
Comment pouvez-vous mieux utiliser le temps consacré à l’APQ ?
Inscrivez-la à l’horaire.
Une stratégie efficace pour entreprendre (et maintenir) la mise en œuvre de l’APQ est de tout simplement l’inscrire à l’horaire comme toute autre matière. « Dans une salle de classe, toute la journée est planifiée, » affirme Lorraine Holt, une enseignante-ressource en matière de technologie d’assistance au Peel District School Board. « Il y a un bloc d’enseignement consacré à la langue, un autre pour les mathématiques ;alors, il faut en créer un pour l’APQ et l’intégrerà votre plan d’enseignement. Si vous n’en faites pas une priorité, vous ne trouverez jamais de temps à y consacrer. »
Une autre stratégie, c’est la simplicité. « Essayez de mettre environ 20 idées pour l’APQ dans un pot, » suggère Mme Holt. « Ensuite, faites choisir une activité par la “personne responsable de l’APQ pour la journée” ». De la même façon que les élèves du primaire sont très enthousiastes à l’idée de faire d’autres tâches quotidiennes (comme apporter la liste des présences au secrétariat ou être choisi pour inscrire la date au tableau), l’APQ deviendra certainement une partie de la journée attendue avec impatience.
« On peut aussi favoriser la participation des enfants en les laissant choisir l’activité à effectuer, » explique Mme Holt. « Les enfants seront enthousiastes à l’idée de faire les activités, et avant bien longtemps, ils les connaîtront toutes. » Qui plus est, ce sera un fardeau de moins dans la journée. En trouvant des façons de faire de l’APQ une habitude simple et prévisible, vous ne serez pas obligé de faire des pieds et des mains pour trouver du temps ou des idées.
L’APQ peut servir à interrompre les longues périodes de sédentarité.
Selon le Bulletin de ParticipACTION de 2016, les jeunes Canadiens âgés de 5 à 17 ans consacrent en moyenne 8,5 heures à des activités sédentaires chaque jour.3 La version révisée de la politique sur l’APQ est plus flexible et elle permet aux enseignants de limiter les comportements sédentaires en intégrant des possibilités de bouger au temps d’enseignement. Par exemple, un enseignant pourrait songer à intégrer une pause de danse d’APQ à une unité où les élèves travaillent sur des ordinateurs pour que ces derniers se lèvent, qu’ils bougent et qu’ils s’éloignent de leur écran.
Laissez l’APQ servir à deux fonctions.
Plutôt que de considérer l’APQ comme un élément qui enlève du temps à l’enseignement des autres matières, pensez aux façons par lesquelles elle peut bonifier l’apprentissage. Après tout, lorsque les élèves peuvent mettre leur apprentissage en action, leur enthousiasme pour une matière donnée tend à croître.
« Pour les années d’études du cycle primaire, nous avions des dés en mousse, » raconte Mme MacDonald. « Les enfants faisaient rouler les dés et les chiffres sur les dés déterminaient le nombre d’activités que nous faisions. S’il y avait trois points sur un dé et deux points sur l’autre, nous faisions cinq sauts avec écart. Pour la 6e à la 8e année, nous demandions aux élèves d’écrire au sujet des activités d’APQ dans leur journalet de tenter d’établir des liens avec des expériences personnelles. Pour les années d’études plus avancées, nous tentions de faire une représentation graphique de nos fréquences cardiaques ».
En employant de telles méthodes, vous pourriez être surpris de ce que les élèves vont retenir. « Dans les cours de sciences, nous parlions des types de forces, » raconte Mme MacDonald. « Nous faisions des mouvements corporels qui représentaient des exemples de tension ou de cisaillement. Par la suite, lors d’un examen, lorsque les élèves ne se rappelaient pas l’information, je pouvais les voir faire ces formes pour s’ensouvenir. L’APQ fut une façon de renforcer leur apprentissage ».
L’APQ, ça ne se fait pas seulement au gymnase, dans la classe ou à l’école.
« Le gymnase n’est jamais disponible ; alors, assurez-vous de ne pas compter là-dessus, » explique Mme Holt. Par contre, les corridors et les salles polyvalentes sont d’excellentes options pour l’APQ ; et lorsque les conditions météorologiques sont favorables, c’est toujours une bonne idée d’aller à l’extérieur.
De nombreuses activités d’APQ peuvent se faire « sur place » dans la salle de classe. Dans le cas d’activités qui requièrent plus d’espace, les pupitres peuvent être déplacés ou arrangés en d’autres configurations.Cela dit, il n’y a aucune règle stipulant que l’APQ doit se faire à l’école. En fait, en changeant d’emplacement il est possible de susciter plus d’intérêt pour une activité. Par exemple, Mme Holt a fait faire une marche dans le quartier à ses élèves tout en intégrant le temps consacré à l’APQ à une unité de géométrie. Les élèves devaient tenter de trouver des formes géométriques dans les enseignes, les toits et d’autres structures.
Assurez-vous que tous les élèves peuvent participer.
« La version révisée de la politique sur l’APQ insiste sur le fait que les enseignants doivent continuer à appuyer nos élèves ayant des besoins particuliers en matière d’éducation, » affirme Mme Irwin. Peu importe l’activité que vous planifiez, songez aux accommodements que vous pouvez effectuer pour assurer que l’ensemble de la classe puisse participer.
« Pour commencer, vous pouvez simplifier une tâche, » suggère Mme MacDonald. « Par exemple, plutôt que d’utiliser un ballon, suspendez un ballon en mousse d’une règle d’un mètre. Vous pourriez aussi agrandir les cibles ou faire en sorte que la précision est moins importante, ou bien fixer un ruban ou une queue à un ballon afin qu’un élève ayant une basse visionpuisse le suivre ».
Faites participer les élèves à la planification.
Cependant, la vraie force de l’APQ ne se trouve pas dans le fait que les enseignants sont en mesure de constater ses bienfaits, mais que les élèves sont capables de les constater d’eux-mêmes. Les bienfaits d’être actif s’accumulent vite Après tout, si les élèves remarquent que leurs niveaux d’énergie et de concentration se sont améliorés après avoir fait de l’activité physique, les messages qu’ils ont entendus au sujet des bienfaits d’une vie active deviennent soudainement bien plus que de simples messages.
Selon Mme Holt, « Il faut qu’ils le vivent afin de le comprendre. Si nous continuons à leur diresansleur montrer, nous ne les aidons pas. Il est très important d’intégrer l’activité physique à leur mode de vie plutôt que d’en faire un cours “qu’ils font” deux fois par semaine. »
Qui plus est, à partir du moment où vous mettez les choses en marche, vous découvrirez vraisemblablement que l’initiative de mise en œuvre de l’APQ volera rapidement de ses propres ailes. Comme le raconte Mme MacDonald, « Parfois, les enfants inventent leurs propres activités d’APQ, et c’est ça l’idée ! Nous travaillons pour faire en sorte que les élèves développent les habiletés associées au savoir-faire physique ; alors, lorsque ceux-ci me demandent, “Est-ce qu’on peut faire ça pour l’APQ”, je crois que l’initiative est une grande réussite. »
Où pouvez-vous trouver du soutien ?
Les administrateurs peuvent aider à créer une culture à l’école qui met l’APQ en valeur.
Bien que les enseignants dévoués peuvent faire une différence en mettant en œuvre l’APQ dans leur classe, la mise en œuvre est d’autant plus efficace lorsque l’ensemble de l’école en fait une priorité. Bien entendu, un tel changement nécessite le soutien de l’administration.
« Je crois que la direction doit vraiment se faire championne de l’APQ, » explique Mme Holt. « Les écoles qui n’en font pas souvent n’ont pas d’exemple à suivre de la direction. Cette dernière peut faire en sorte que du temps soit réservé pour l’APQ au cours de la journée, et ce, à l’échelle de l’école ».
Ressources et soutien
Ophea propose diverses ressources visant à appuyer la mise en œuvre de l’APQ. L’APQ chaque jour est une ressource gratuite (offerte en français et en anglais) conçue pour appuyer la mise en œuvre de l’APQ en promouvant une vie saine et active et en encourageantles élèves, les familles et le personnel à prioriser l’activité physique chaque jour. La ressource comprend une affiche pour l’APQ qui a été acheminée à toutes les écoles de l’Ontario afin d’en assurer la distribution dans toutes les salles de classe de l’élémentaire ; l’affiche peut aussi être téléchargée en format PDF.La ressource comprendra également une vidéo dont le lancement est prévu au printemps 2018.
« Les 50 cartes d’activités physiques d’Ophea valent leur pesant d’or, »affirme Mme MacDonaldau sujet d’une autre ressource populaire proposée par Ophea. Les cartes offrent un répertoire de mouvements à faire sur place qui sont parfaits pour l’APQ. Aussi, la ressource Activitête d’Ophea, un ensemble de 25 fiches d’activités (disponible en français et en anglais), peut être utilisée dans le cadre d’une pause lors de l’apprentissage ou d’une activité amusante visant à promouvoir l’esprit d’équipe, ou pour aider à améliorer la concentration. Chaque activité peut être effectuée en 5 à 15 minutes dans des espaces intérieurs vastes ou restreints, ou à l’extérieur, et ce, avec peu ou pas de matériel.
Le ministère de l’Éducation propose aussi un éventail d’outils et de ressources de soutien sur la section Écoles saines de son site Web.
20 minutes peuvent faire toute une différence !
Que ce soit en additionnant un bloc de cinq minutes ici, un bloc de 15 minutes là, ou en proposant un seul bloc de 20 minutes, en faisant de l’APQ une habitude saine, il est possible de faire une grande différence. Selon Mme Holt, « L’activité physique ne fait plus autant partie du mode de vie des enfants qu’auparavant.Il en est de même pour les adultes. Nous planifions le temps que nous consacrons au conditionnement physique. Nous allons à notre cours à 18 heures. Nous n’allons plus à l’extérieur pour jouer au Frisbee avec nos enfants. C’est un problème de société. »
C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il nous en revient, en tant que société, de résoudre également le problème de l’inactivité. Ce ne sont pas seulement les écoles qui doivent faire bouger les enfants, mais nous, les enseignants, avons une influence sans pareil sur les enfants de l’Ontario ; il nous en revient donc d’assumer une partie de cette responsabilité. Comme le dit en conclusion M. Biagini, « Quand on veut, on peut, il n’en fait aucun doute. Il faut que chaque école en fasse une priorité. »
Après tout, la mise en œuvre de l’APQ n’est pas seulement une question d’exigence à satisfaire. Pour commencer, il peut s’agir de 20 minutes d’activité physique chaque jour.Cependant, si l’initiative est menée par des enseignants dévoués au sein d’un milieu scolaire favorable, elle peut engendrer un amour pour une vie saine et active la vie durant.
1Directives canadiennes en matière de mouvement sur 24 heures à l’intention des enfants et des jeunes, http://www.csep.ca/CMFiles/Guidelines/24hrGlines/Canadian24HourMovementG...
2, 3Le Bulletin de l’activité physique chez les jeunes de ParticipACTION 2016, https://www.participaction.com/sites/default/files/downloads/2016%20Part...