En octobre 2016, nous avons publié un article, intitulé Un bon apprentissage commence avec de bonnes questions, qui examinait de façon détaillée le stade du 1er lancement de l’apprentissage fondé sur l’enquête en ce qui a trait à l’ÉPS. Le présent article en est la suite ; nous y présenterons les deux derniers stades, la facilitation et la compréhension. Nous examinerons également comment les habiletés qu’acquièrent les élèves au cours de ces stades, avec le soutien des enseignants, peuvent les aider à mener une vie saine et active la vie durant.
Une partie intégrante d’être humain est de poser des questions et de chercher des réponses. Il n’y a aucune limite à la curiosité d’un jeune enfant. Qu’ils demandent « Pourquoi ? » ou « Qu’est-ce que c’est ? », les enfants sont toujours à la recherche de réponses des adultes de confiance dans leur vie. Au fur et à mesure qu’ils vieillissent et deviennent plus matures, un changement important se produit ; plutôt que toujours se tourner vers des adultes pour les guider dans leur apprentissage, ils commencent à prendre en charge la détermination d’une approche valide et de solutions authentiques. Comme l’explique Joanne Walsh, conseillère d’Ophea en matière du programme-cadre d’éducation physique et santé (ÉPS) pour le secondaire, « À un certain moment, il est encore plus efficace de leur donner la responsabilité de cet apprentissage ». C’est à ce stade que l’apprentissage fondé sur l’enquête entre en jeu dans le système de l’éducation.
Pourquoi l’apprentissage fondé sur l’enquête représente-t-il une approche efficace pour l’enseignement de l’ÉPS ?
On peut faire appel à l’enquête dans toutes les matières, et les enseignants d’ÉPS aident les élèves à poser des questions et à y répondre depuis nombre d’années ; cependant, l’inclusion formelle du processus d’apprentissage fondé sur l’enquête dans le programme-cadre d’ÉPS de 2015 (1re à 12e année) constitue une première.
Comme l’explique Deb Lawlor, conseillère en matière du programme-cadre d’éducation physique et santé (9e à 12e année) et d’études contemporaines (7e à 12e année) au Service d’aide à la réussite des élèves au Ottawa Catholic District School Board, « L’enquête s’intègre vraiment bien dans le programme-cadre d’ÉPS, car celui-ci repose en grande partie sur le développement des habiletés. Les élèves explorent la façon dont leur corps bouge, les stratégies de jeux qui fonctionnent le mieux dans diverses situations et la façon dont leurs actions ont un impact sur leur santé ou leur participation à l’activité physique. »
L’enquête contribue significativement à l’enseignement des habiletés de vie ; c’est-à-dire les habiletés personnelles, les habiletés interpersonnelles et les habiletés de la pensée critique et créative qui sont intégrées aux contenus d’apprentissage et aux attentes du programme-cadre d’ÉPS. L’enquête permet aux élèves de développer des habiletés dont ils ont besoin pour acquérir des connaissances, établir des objectifs et faire un suivi de leur progrès, des habiletés personnelles essentielles. Ils acquièrent également des habiletés interpersonnelles comme la façon de communiquer efficacement et de travailler au sein d’un groupe. Bien sûr, les habiletés de la pensée critique et créative sont au cœur de l’enquête, puisque les élèves doivent effectuer des rapprochements, évaluer des sources et résoudre des problèmes.
L’enquête ressemble plus à unrond-point qu’à une rue à sens unique.
Avant d’examiner de plus près les deuxième et troisième stades de l’enquête, il est important de préciser que bien l’apprentissage fondé sur l’enquête est un processus, il n’est pas forcément linéaire ; en réalité, il l’est rarement.
« Au début, les enseignants doivent structurer le processus et en faire une démonstration de façon à ce que les élèves puissent renforcer leur confiance et leurs compétences relatives aux habiletés requises pour effectuer eux-mêmes une enquête », explique Rebecca Richardson, responsable du programme d’enseignement d’ÉPS et de sécurité pour le secondaire au Halton District School Board. Par exemple, un enseignant peut donner une question aux élèves ou leur donner une liste de sources à examiner et à évaluer, permettant à ces derniers de commencer à un stade plus avancé du processus et de continuer avec plus de soutien.
De plus, au fur et à mesure que les élèves progressent et que plus de responsabilités leur sont transférées, les enseignants peuvent les encourager à effectuer une réflexion au sujet de leur travail et à faire un retour à un stade précédent afin de recueillir plus d’information, de réorganiser l’information qu’ils ont recueillie ou bien de modifier/peaufiner laquestion originale selon le cas.
Stade 2 : Facilitation
Après que les élèves en sont arrivés à (ou se sont vus assigner) une question d’enquête efficace (Un bon apprentissage commence avec de bonnes questions), ils entameront le prochain stade, la facilitation, au cours duquel ils devront recueillir et organiser de l’information, puis l’interpréter et l’analyser.
Recueillir l’information et l’organiser
Nous vivons dans une ère où nous sommes inondés par de l’information, mais toutes les sources ne s’équivalent pas. Lorsque les élèves recueillent de l’information de différentes sources, ils devront avoir un esprit critique afin de reconnaître la façon dont l’information fut publiée, l’endroit où elle fut publiée et la raison pour laquelle elle le fut.
« Si nous faisons une recherche pour répondre à une question en matière de santé, nous trouverons peut-être des sites Web du gouvernement ou de la santé publique, ou nous pourrions consulter le blogue d’une personne, » dit Mme Walsh. « Le blogue n’est pas nécessairement une mauvaise source, mais il faut vérifier qui en est l’auteur et connaître son niveau d’expertise en la matière ».
En ce qui concerne le domaine d’étude Vie active, les élèves pourraient recueillir de l’information sur leur condition physique ou sur différentes stratégies de jeux. Les élèves sont orientés sur la façon d’organiser l’information qu’ils recueillent. En enseignant aux élèves comment organiser efficacement leur information, ils seront ensuite mieux en mesure de bien l’interpréter et l’analyser. Il y a plusieurs façons d’organiser l’information ; cependant, l’une des façons les plus efficaces est l’utilisation d’un organisateur graphique. « Les élèves peuvent créer des entêtes comme souplesse, force musculaire et endurance », ajoute Mme Walsh, « Lorsqu’ils recueillent de l’information, ils peuvent la consigner sous un de ces entêtes ».
Interpréteret analyser
Lorsque l’information a été recueillie et organisée, les enseignants aident les élèves à y jeter un regard critique. « Les enseignants peuvent aider les élèves en leur posant des questions lorsqu’ils s’enlisent, » explique Mme Lawlor. « Avez-vous assez d’éléments de preuve ? Où avez-vous trouvé cette source ? Quels sont les liens entre les diverses sources ? » De telles questions simples peuvent mener à de grandes découvertes.
Selon Mme Walsh, il est important d’encourager les élèves à prendre le temps nécessaire pour effectuer cette étape. « C’est lors de cette étape que nous pouvons renforcer leurs habiletés de la pensée critique », ajoute-t-elle. « Ils doivent vraiment songer à ce que signifie cette information dans le contexte de leur vie et effectuer des liens avec ce qu’ils veulent, ce qu’ils savent et ce qu’ils croient ».
Stade 3 : Compréhension
Lorsqu’ils ont recueilli, organisé et analysé leur information, les élèves doivent y donner un senset faire part aux autres de leurs nouvelles connaissances. Ce stade comprend deux composantes : « Évaluer et tirer des conclusions » et « Communiquer ».
Évaluer et tirer des conclusions
« Lorsqu’ils évaluent et tirent des conclusions, les élèves développent les habiletés requises pour faire une synthèse de l’information et des résultats, ce qui leur permet d’en arriver à un jugement ou à une opinion éclairée ou d’établir un objectif », explique Mme Lawlor. Pour ce faire, ils doivent établir des liens entre les données et les éléments de preuve recueillis et leurs propres expériences et ils doivent songer à l’impact potentiel qu’auront leurs réponses, leurs objectifs ou leurs plans sur eux-mêmes et sur les personnes qui les entourent.
Les enseignants peuvent toujours faciliter l’apprentissage en posant aux élèves des questions d’orientation. Par exemple : « Votre point de vue a-t-il changé maintenant que vous en savez plus ? Quelles conclusions avez-vous tirées ? »
Communiquer
Ensuite, il faut que les élèves expriment leurs apprentissages, leurs conclusions ou leurs opinions de manière à répondre à la question d’enquête originale et à satisfaire les besoins du public à qui s’adressera leur présentation. Ce public pourrait inclure des enseignants, des camarades de classe, des élèves plus jeunes ou des membres de la communauté et la présentation pourrait être faite de différentes façons et prendre diverses formes.
« Un exemple pour le domaine d’étude Vie saine pourrait être la création d’un message d’intérêt public pour des élèves plus jeunes portant sur l’impact du stress et sur des stratégies pour aider les élèves à gérer le stress », explique Mme Richardson.
Les élèves peuvent créer une affiche, enregistrer un balado, tourner une vidéo ou monter un diaporama ; ils peuvent présenter à un grand ou un petit groupe ou faire appel à diverses approches. À ce stade, les enseignants peuvent orienter l’apprentissage en aidant les élèves à déterminer le but de leur communication. « Ils peuvent tenter de renseigner leur public sur les dangers de la consommation des drogues ou de le persuader de faire des choix alimentaires plus sains, » explique Mme Lawlor.
Les enseignants devraient également aider les élèves à tenir compte des besoins de leur public. « Que devez-vous songer à inclure et/ou ne pas inclure selon le public à qui vous vous adressez ? », ajoute Mme Walsh.
Effectuer une réflexion
Les élèves effectuent une réflexion sur leur apprentissage et leur progrès tout au long du processus d’enquête, mais ils devraient également prendre une pause à la fin pour faire une réflexion plus poussée et pertinente. Les enseignants peuvent faciliter la réflexion en demandant aux élèves de songer à leur question initiale, à ce qu’ils ont appris, à ce qu’ils auraient pu faire autrement et aux façons possibles d’appliquer cet apprentissage à d’autres matières et à d’autres situations.
Évaluer les élèves tout au long du processus d’enquête
Comme pour toutes les stratégies pédagogiques et pour toutes les matières, l’évaluation de l’enquête en ÉPS commence par l’établissement d’objectifs d’apprentissage et de critères d’évaluation qui serviront de fondements de l’évaluation. La façon la plus efficace d’y arriver est d’établir les critères d’évaluation avec les élèves.
Comme le souligne Mme Lawlor, « Il faut effectuer des évaluations tout au long du processus d’enquête et non juste à la fin. Les élèves ont-ils recueilli de l’information provenant de diverses sources ? Ont-ils des organisateurs graphiques appropriés ?Lorsqu’ils font une présentation, est-elle pertinente pour leur public ? Ont-ils réussi à persuader leur public ? À chaque stade, les élèves peuvent effectuer une réflexion et déterminer comment ils auraient pu faire les choses différemment ».
Où pouvez-vous obtenir du soutien ?
Selon Mme Walsh, « Le guide d’Ophea L’apprentissage fondé sur l’enquête en éducation physique et santé est véritablement un guichet unique pour tout ce qui a trait à ce processus. Les enseignants novices à cette approche peuvent y trouver tout ce dont ils ont besoin pour commencer. »
« Chaque composante est décortiquée de façon explicite ; on y trouve des critères d’évaluation, des conseils pour les enseignants et des outils à utiliser », ajoute Mme Lawlor. Le guide est disponible gratuitement en ligne en français et en anglais et il s’adresse aux enseignants de l’élémentaire et du secondaire. On peut également trouver de l’information, des conseils et des idées en effectuant des recherches en ligne. « Les gens des quatre coins de la planète accèdent à de l’information formidable et ils en discutent en ligne, » ajoute-t-elle.
Cependant, nous pouvons souvent trouver des conseils avisés et du soutien plus près de chez nous. « Nous pouvons nous soutenir les uns les autres. C’est une de nos meilleures ressources », dit Walsh. « Les enseignants sont des personnes créatives. Lorsqu’ils commencent à discuter ensemble, ils renforcent leur propre apprentissage ».
L’enquête aide les élèves à naviguer dans un monde en constante évolution.
Bien que pour les jeunes il soit naturel de poser des questions et de chercher des réponses, il est fort plus difficile de savoir à quelles sources se fier et comment faire le tri d’une quantité importante d’information, puis de tirer des conclusions appropriées et de les mettre en pratique.
Nous ne serons avec nos élèves que pour une courte période de temps, mais en leur enseignant à réfléchir de manière critique et autonome au sujet de leur corps, de leur santé, de leurs relations, des activités physiques auxquelles ils prennent plaisir à participer et à la façon d’y participer efficacement, nous pouvons continuer à avoir un impact sur leur bien-être bien après qu’ils aient quitté notre gymnase ou notre salle de classe. « Si nous souhaitons qu’ils nous quittent avec les connaissances et les habiletés nécessaires pour mener une vie saine et active, nous devons les aider à apprendre comment recueillir l’information dont ils ont besoin de sources crédibles et à l’analyser par eux-mêmes afin de comprendre ce qu’elle signifie », dit en conclusion Mme Walsh.