Perspectives des jeunes sur le repérage de la violence fondée sur le genre en milieu scolaire et la réponse à celle-ci

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Le 29 novembre 2023, Ophea a organisé un webinaire en partenariat avec la campagne Draw-the-Line (#DTL16Days – Traçons-les-limites #TLL16Jours) de l’Ontario Coalition for Rape Crisis Centres (OCRCC). Le webinaire « Youth Perspectives on Identifying and Responding to Gender-Based Violence » (Perspectives des jeunes sur le repérage de la violence fondée sur le genre en milieu scolaire et la réponse à celle-ci) (en anglais seulement), animé par la consultante d’Ophea en matière du programme-cadre, Andrea Haefele, a réuni Trish Vanoosterom de l’OCRCC et deux jeunes personnes, Yumi Lee et Jasmine Lew, pour une discussion importante mettant en lumière la perspective des jeunes et engageant le dialogue avec le personnel enseignant de l’élémentaire et du secondaire sur les manifestations de la violence fondée sur le genre en milieu scolaire. Les participants au webinaire ont reçu des ressources et des outils visant à les aider à recevoir des divulgations, à reconnaître les réactions aux traumatismes et à recourir à l’intervention des témoins en utilisant une approche tenant compte des traumatismes. Au cours de la séance, des liens ont également été établis entre la violence fondée sur le genre, l’éducation quant à sa prévention et le programme-cadre d’éducation physique et santé (ÉPS). 

Étant donné les discussions actuelles dans la sphère publique menaçant les droits des élèves transgenres, non binaires et de genres divers dans les écoles de l’Ontario, cette séance a également exploré les moyens de repérer les manifestations de la transphobie et d’y répondre. La transphobieest la peur ou la haine de toute transgression des normes de genre perçues, souvent manifestée par des insultes, de l’intimidation, de l’exclusion, des préjugés, de la discrimination ou des actes de violence. Toute personne trans ou de genre divers (ou perçue comme telle) peut être la cible de transphobie. 

Les panélistes

Jasmine Lew (elle), étudiante au programme de maîtrise en kinésiologie à l’Université de Toronto

La recherche de Jasmine porte sur la décolonisation de l’apprentissage et du leadership incarnés pour les femmes racialisées. Elle est assistante de recherche au laboratoire de recherche IDEAS (indigénéité, diaspora, équité et antiracisme dans le sport). Elle est membre de comités consultatifs de recherche pour mieux faire connaître les perspectives queers, racialisées et autres. Jasmine est également capitaine et sauteuse en longueur de l’équipe d’athlétisme des Varsity Blues. Lorsqu’elle n’est pas à l’université et qu’elle ne pratique pas de sport, elle fait du bénévolat chez Big Brothers Big Sisters Toronto, aime faire de l’art textile et passe la plupart de son temps à lire dans les cafés. 

Yumi Lee (elle), étudiante en éducation concurrente (kinésiologie) à l’Université York, co-fondatrice de la York Skateboarding Academy et co-directrice de Queer Skate Toronto 

Yumi est une femme queer biraciale, qui aime faire de la planche à roulettes, de l’escalade et des créations artistiques. Elle est actuellement inscrite au programme d’éducation concurrente à l’Université York, avec une majeure en kinésiologie, et aspire à une carrière en enseignement. Elle est co-fondatrice et instructrice chez York Skateboarding (@yorkskateboarding), et co-directrice de Queer Skate Toronto (@queerskatetoronto). Yumi s’efforce de rendre les espaces traditionnellement hétéronormatifs plus sécuritaires et inclusifs. 

Trish Vanoosterom (elle), coordinatrice de l’éducation publique, Sexual Assault Survivors’ Centre Sarnia – Lambton

Trish travaille dans le domaine de la violence fondée sur le genre depuis plus de 15 ans, dont 13 années au Sexual Assault Survivors’ Centre. Elle apporte un soutien individuel aux personnes qui ont subi des préjudices sexuels et anime des ateliers de prévention pour des personnes de tous âges. Trish participe activement à des discussions sur l’autonomie corporelle, le consentement, l’estime de soi et les relations saines dans diverses écoles du comté de Lambton. Quand elle ne travaille pas, elle promène son chien et profite de la nature et des vues paisibles du lac Huron. 

Résumé du webinaire « Youth Perspectives on Identifying and Responding to Gender-Based Violence in the Classroom » 

​​​La violence fondée sur le genre comprend toute forme de comportements de nature physique, psychologique ou sexuelle visant le genre d’une personne et ayant pour but de l’humilier, de la blesser ou de la contrôler. Les systèmes structurels, tels que la misogynie et la transphobie, influencent les diverses manifestations de la violence fondée sur le genre et leur impact sur les individus.

Considérez ces faits… 

  • Une fille ou femme sur trois1 et un garçon ou homme sur six2 subiront une forme de violence fondée sur le genre au cours de leur vie.  
  • Les personnes transgenres sont plus susceptibles de subir de la violence depuis l’âge de 15 ans que leurs pairs cisgenres4.  
  • Les filles et femmes de moins de 25 ans connaissent des taux plus élevés d’agression sexuelle et de harcèlement criminel que les femmes plus âgées1.  
  • Les filles et femmes en situation de handicap sont quatre fois plus susceptibles d’être victimes de violence fondée sur le genre1.
  • Les femmes autochtones sont trois fois plus susceptibles que les autres femmes de subir une forme quelconque de violence1.
  • Moins de 10 % des agressions sexuelles sont signalées à la police1.
  • De 80 à 95 % des agressions sexuelles sont commises par une personne connue de la victime1.

Lorsqu’on comprend le caractère insidieux de la violence fondée sur le genre et son étendue, il devient évident que le personnel enseignant et les autres membres de la communauté scolaire partagent la responsabilité de bien repérer les cas de violence fondée sur le genre et d’y répondre lorsqu’elle se manifeste dans les milieux d’apprentissage. Bien que l’intervention soit un aspect incontournable des efforts d’éducation sur la prévention de la violence fondée sur le genre, nos panélistes ont souligné qu’il est tout aussi important d’encourager des changements culturels à long terme par la sensibilisation et la collaboration avec les élèves pour créer des milieux d’apprentissage qui sont sécuritaires et inclusifs pour tous les élèves et qui permettent à chacun de s’affirmer! 

Quelles sont certaines formes de violence fondée sur le genre que peuvent subir les élèves dans les écoles et les milieux d’apprentissage?

L’humiliation verbale (les moqueries), les critiques constantes, la manipulation psychologique pour faire douter de soi, et le non-respect du genre choisi sont des exemples courants de ce type de violence dans les écoles et les milieux d’apprentissage. Des situations plus graves comme l’intimidation, l’agression ou le chantage peuvent également survenir. Tous les cas de violence fondée sur le genre doivent être pris au sérieux, car la normalisation des préjudices contribue à l’aggravation de la violence. 

Quelles stratégies peuvent être mises en place pour éliminer la stigmatisation associée aux personnes qui ont subi de la violence fondée sur le genre? 

Normalisez le sujet de la violence fondée sur le genre et de la transphobie dans votre salle de classe; ainsi, le cas échéant, les élèves ressentiront moins de stigmatisation et se sentiront plus en sécurité pour venir vous voir pour de l’aide. En ayant des conversations ouvertes tout au long de l’année avec les élèves sur l’impact de leurs paroles et de leurs actions sur les autres, vous pouvez les sensibiliser à la violence fondée sur le genre et leur donner le pouvoir d’agir différemment au sein de leur communauté scolaire grâce à des stratégies d’intervention sécuritaires et efficaces à titre de témoins et de personnes de l’entourage. 

Y a-t-il des lacunes dans les connaissances en ce qui concerne la convergence de l’éducation et de la violence fondée sur le genre, spécifiquement en lien avec la transphobie? 

Historiquement, la conformité à la binarité des genres dans les cours d’éducation physique et santé (ÉPS) et les sujets similaires a exacerbé les lacunes dans la recherche qui rendent les identités transgenres invisibles dans ces environnements. Ce manque de représentation peut contribuer à la transphobie et à d’autres formes de violence fondée sur le genre dans les milieux d’apprentissage d’ÉPS. 

Le personnel enseignant peut contribuer à améliorer la situation en créant des environnements qui accordent une plus grande place aux expériences de marginalisation des femmes, des personnes queer et trans, et aux autres perspectives intersectionnelles. L’établissement d’une culture de respect et d’affirmation où toutes les identités sont respectées crée des atmosphères de compassion et de compréhension, où la violence fondée sur le genre est moins susceptible de rester sans réponse.

Quel est le rôle des membres adultes d’une communauté scolaire lorsqu’il s’agit de perturber les attitudes culturelles qui alimentent la violence fondée sur le genre? 

Lorsque les membres adultes de la communauté scolaire reçoivent les outils et les ressources nécessaires pour faire participer les élèves à des discussions appropriées et continues sur la violence fondée sur le genre dès un jeune âge, les élèves sont en mesure de reconnaître les attitudes et comportements nuisibles avant qu’ils ne s’aggravent. En établissant une culture en classe qui tient compte des traumatismes et met en application les principes du consentement, on aide les élèves à comprendre ce que sont les relations saines.

Pour aider les élèves marginalisés, dont plusieurs sont plus susceptibles de subir de la violence fondée sur le genre, vous pourriez approfondir votre compréhension individuelle de leurs identités particulières et de la terminologie connexe. Vous pourrez ainsi montrer votre volonté à être un allié pour les élèves marginalisés et votre solidarité envers eux, et pourrez reconnaître et perturber les discours nuisibles.

Le personnel enseignant se doit d’avoir accès à des formations et à des possibilités de perfectionnement professionnel actualisées qui sont fondées sur des données probantes, et qui sont conçues pour leur permettre d’aider chaque élève. Le rapport « Encore dans chaque classe de chaque école » (2021) d’Egale a révélé que 79 % des élèves transgenres victimes de harcèlement physique ont déclaré que le personnel enseignant et le personnel scolaire étaient inefficaces en réponse au harcèlement transphobe5. N’oubliez pas que vous n’êtes pas seul! Faites appel aux centres locaux de lutte contre les agressions sexuelles et à d’autres organisations, dont plusieurs sont en mesure de faire de l’éducation en classe ou de présenter des séances de perfectionnement professionnel portant sur divers aspects de la violence fondée sur le genre!


Le financement pour ce webinaire a été fourni par l’Office des perspectives sociales et économiques pour les femmes du ministère des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires du gouvernement de l’Ontario. Ophea remercie ses panélistes et les participants au webinaire d’avoir pris part à une discussion aussi importante! Cherchez-vous des ressources pour introduire ces conversations dans votre salle de classe? Actualisez votre compréhension des principes fondamentaux en suivant le module d’apprentissage en ligne sur la prévention de la violence fondée sur le genre d’Ophea. Ensuite, explorez les ressources d’éducation sur la prévention de la violence fondée sur le genre d’Ophea, ou d’autres ressources de nos organisations partenaires de Draw-the-Line/Traçons-les-limites ci-dessous. 

Ressources de Traçons-les-limites : 

  • Site Web Traçons-les-limites : La campagne interactive Traçons-les-limites vise à faire participer les Ontariennes et Ontariens à une conversation sur la violence à caractère sexuel. La campagne réfute des mythes répandus sur la violence à caractère sexuel et renseigne les témoins et les personnes de l’entourage sur la façon d’intervenir de manière sécuritaire et efficace. Parmi les ressources de la campagne, on compte des affiches, des cartes postales et des guides.   

  • Vidéos : Des vidéos sur l’intervention des témoins et des personnes de l’entourage.   

  • Publications Ontario: Vous pouvez commander sur ce site des ressources Traçons-les-limites gratuitement en format imprimé.

Ressources d’Egale Canada : 

Ressource de l’Ontario Coalition of Rape Crisis Centres : 

Ressources d’Ophea :

Ressources de Ruban Blanc :

Merci à nos amis de l’Ontario Coalition of Rape Crisis Centres, d’Egale, de Traçons-les-limites/Draw-the-Line, Ruban Blanc et d’Action ontarienne contre la violence faite aux femmes pour leur collaboration avec Ophea dans la série d’activités de perfectionnement professionnel Traçons-les-limites/Draw-the-Line.  

Poursuivons la discussion! Dites-nous comment vous utilisez les ressources d’éducation sur la prévention de la violence fondée sur le genre pour lancer des discussions en classe et à l’école en identifiant @OpheaCanada dans vos publications sur X (anciennement Twitter), Facebook et Instagram. Pour rester à jour sur les possibilités de perfectionnement professionnel, les ressources et les services d’Ophea, inscrivez-vous au bulletin électroniqueeConnexion d’Ophea. 

BIBLIOGRAPHIE :

1. Tiré du site Web de l’Ontario Coalition of Rape Crisis Centres (OCRCC) : Ontario Coalition of Rape Crisis Centre (2020). Ontario Coalition of Rape Crisis Centres. https://sexualassaultsupport.ca/ 

2. Tiré du site Web de 1in6 : 1in6. (2020). Get Information: The 1 in 6 Statistic. 1in6. https://1in6.org/get-information/the-1-in-6-statistic/  

3.Tiré du site Web de l’Association canadienne pour la santé mentale : Association canadienne pour la santé mentale. (2020). Lesbian, Gay, Bisexual, Trans & Queer identified People and Mental Health. ACSM Ontario. https://ontario.cmha.ca/documents/lesbian-gay-bisexual-trans-queer-iden…

4. Tiré du site Web de Statistique Canada : Statistique Canada. (2020, septembre). Les expériences de victimisation avec violence et de comportements sexuels non désirés vécues par les personnes gaies, lesbiennes, bisexuelles et d’une autre minorité sexuelle, et les personnes transgenres au Canada, 2018. Centre canadien de la statistique juridique et de la sécurité des collectivités. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/85-002-x/2020001/article/00009-fra…

5. Peter, T., Campbell, C.P., & Taylor, C. (2021). Encore dans chaque classe de chaque école : dernier rapport sur la deuxième enquête nationale portant sur l’homophobie, la biphobie et la transphobie dans les écoles au Canada. Points clés à retenir. Toronto, ON : Fonds Egale Canada pour les droits de la personne.