Le 1er mars 2024, MLSE LaunchPad et Ophea ont réuni des jeunes, des leaders communautaires et des décideurs de haut niveau pour une séance collaborative visant à repenser le but du sport scolaire pour le transformer en un outil fondamental qui favorise un sentiment d’appartenance chez les enfants et les jeunes.
Ensemble, nous avons exploré le contexte actuel des activités sportives en milieu scolaire, et souligné les obstacles à la participation auxquels font face les élèves et les points d’entrée pour améliorer leurs expériences.
Nos amis de Visions of Science et de Haudenosaunee Lacrosse étaient présents pour offrir des séances actives d’apprentissage et présenter leurs réflexions sur le potentiel du sport de renforcer les communautés. Les personnes animatrices ont aidé les personnes participantes à développer une vision globale du potentiel des sports scolaires, en intégrant activement des systèmes de connaissances qui ont historiquement été exclus de notre domaine. Il nous faut désapprendre les normes nuisibles présentes dans les espaces d’éducation physique et santé (ÉPS) si nous voulons offrir à chaque élève des activités sportives valorisantes à l’école.
Continuez à lire pour en savoir plus sur l’événement et les résultats que nous poursuivons!
Nous croyons au pouvoir du sport en milieu scolaire pour changer des vies et promouvoir une vie saine et active.
Le personnel enseignant en ÉPS comprend que le sport est un excellent moyen de favoriser les sentiments d’appartenance et les habitudes saines chez les enfants et les jeunes. Le sport en milieu scolaire peut être une partie importante et dynamique du tissu social des communautés scolaires, et peut offrir aux élèves des occasions de bouger, d’avoir du plaisir et d’établir des rapports avec leurs pairs dans un contexte amusant et actif. Le 1er mars, les jeunes ont exprimé vouloir des options sportives scolaires inclusives, accessibles et affirmatives de leur identité, qui vont au-delà de l’offre de la plupart des écoles.
Les activités sportives et physiques en milieu scolaire se divisent généralement en deux catégories : interscolaires et intra-muros.
Les sports interscolaires sont définis comme des programmes parrainés par l’école qui comportent des rencontres compétitives avec une équipe de l’extérieur (Ophea, s.d.); ces activités comportent souvent des essais et n’offrent pas de possibilités de participation aux élèves qui n’ont pas été retenus dans les équipes.
Les activités intra-muros sont définies comme des activités physiques ou récréatives organisées par l’école qui ont lieu en dehors des heures de cours de l’élève et qui ne comportent pas de compétitions contre d’autres équipes/groupes de l’extérieur (Ophea, s.d.). Cependant, l’accent mis sur la compétition reste un aspect commun de nombreux programmes intra-muros; le soccer ou des jeux similaires sont considérés comme des offres idéales et standards, et l’on ne consulte pas toujours les élèves pour s’assurer que leurs préférences sont prises en compte.
Bien que les athlètes scolaires (qui jouent pour des équipes sportives interscolaires compétitives) représentent moins de 5 % des populations scolaires, les jeunes à MLSE LaunchPad ont confirmé que la majorité des programmes sportifs intra-muros actuels s’adressent également à cette population; trop de programmes intra-muros mettent l’accent sur la compétition et la haute performance au détriment de ce que veulent les élèves. Les données montrent que la plupart des élèves ont une attirance pour le sport scolaire non pas par amour de la victoire ou par désir d’exceller dans le sport de leur choix, mais pour la possibilité qu’il offre de s’amuser, de bouger et de tisser des liens avec leurs pairs (Bon départ, 2024).
Le sport en milieu scolaire doit refléter ce souhait des élèves; un faible pourcentage de la population étudiante d’une école participe aux activités sportives interscolaires, et ces élèves sont plus susceptibles de participer à des sports organisés en dehors de l’école avec la possibilité de s’entraîner davantage et de s’améliorer en dehors du cadre scolaire (Dwyer et al., 2006), ce qui augmente davantage le niveau de compétition dans les écoles. Lorsque l’accent mis sur la compétition, qui caractérise la plupart des sports interscolaires, a une incidence sur les activités intra-muros, les élèves qui recherchent une expérience différente n’ont plus d’options.
L’intégration des perspectives et des choix des élèves est essentielle afin d’améliorer les expériences sportives en milieu scolaire.
Les programmes intra-muros sont plus susceptibles de fonctionner s’ils adoptent une perspective axée sur les élèves. En demandant aux élèves de s’investir tout au long de la démarche, de la planification à la mise en œuvre des activités, les activités intra-muros peuvent promouvoir les perspectives et les choix des élèves, et favoriser des rapports enrichissants entre les pairs. Les programmes intra-muros de qualité offrent des activités qui prennent en compte les suggestions des élèves, fournissent de multiples points d’entrée pour augmenter leur engagement et leur participation, et se concentrent sur des activités ou des événements inclusifs et amusants qui optimisent la participation de tous à l’activité physique.
L’intégration des perspectives et des choix des élèves permettrait également de proposer des programmes plus sécuritaires et affirmatifs de l’identité des élèves, adaptés à leurs besoins, champs d’intérêt et capacités. Historiquement, les espaces d’ÉPS ont été dominés par des influences racistes et patriarcales occidentales, privilégiant certains types de corps, et certaines capacités et identités. De fausses idées et des préjugés de longue date ont ainsi été créés dans notre domaine et doivent être démantelés si nous voulons offrir des activités sportives scolaires qui affirment l’identité, qui tiennent compte des réalités culturelles et qui sont engageantes.
Wahid Khan, directeur de cours de la faculté d’éducation de l’Université York, était présent à l’événement et nous a fait part des réflexions suivantes :
Les pratiques coloniales étaient intégrées dans ma pratique dès le début de ma carrière. Ce n’est que ces dix dernières années, en travaillant avec des persnnes éducatrices qui partageaient leur sagesse et leur apprentissage avec moi, que j’ai réalisé que je devais vraiment enseigner avec mon cœur. Avec soin, compassion, et amour, tout en accordant au bien-être une place centrale. Tout cela s’est manifesté lors de la séance. C’était presque cathartique; ces espaces, ces lieux et ces opportunités sont rares, du moins pour moi. Des problèmes comme le dénigrement de l’apparence et la ségrégation selon la tenue vestimentaire sont des pratiques très réelles dans nos écoles, et de nombreux espaces actuels d’ÉPS n’aident pas à inverser cette tendance. Nos conversations à LaunchPad ont permis de le faire.
L’importance accordée aux perspectives et aux choix des élèves dans le sport en milieu scolaire ouvre également la voie à l’élimination des obstacles à la participation pour les élèves marginalisés, obstacles ancrés dans des modes de pensée nuisibles et dépassés qui refusent de reconnaître différentes identités, capacités ou façons d’être. Les taux de participation aux activités chez les élèves faisant face à une marginalisation fondée sur l’identité, comme le racisme, le capacitisme, la transphobie ou l’homophobie, sont en déclin rapide (Gumprich et Hare, 2023), probablement en raison du manque de programmes et de milieux appropriés qui prennent en compte leurs besoins, champs d’intérêt et expériences personnelles. Si nous voulons réaliser notre vision commune d’un Ontario où chaque élève peut tirer parti des bienfaits d’une vie saine et active, cette situation doit changer.
Les changements aux programmes de sports en milieu scolaire ne sont que le début : nous devons repenser les espaces d’ÉPS de fond en comble pour accorder la priorité à la joie, à l’inclusion et aux rapports humains. Nos pratiques doivent évoluer pour reconnaître les identités et les souhaits des élèves dans nos classes.
Voici quelques dernières réflexions de Wahid :
Merci de créer cet espace et d’inviter nos membres de la communauté Anishinabek à partager leurs modes de connaissance. Encore une fois, cette discussion est nécessaire, car les récits, les rapprochements culturels et les liens communautaires sont également largement absents des espaces d’ÉPS. Merci d’accorder une place de premier plan aux voix autochtones et de céder votre place pour elles. J’espère que tout le monde en a pris note… C’est la bonne chose à faire si nous voulons garantir que plus d’élèves demeurent actifs plus tard dans la vie et réduire les chiffres effroyables relativement à la participation au sport des personnes marginalisées. Je sais qu’il y a beaucoup de travail à faire, à l’intérieur et à l’extérieur de nos espaces scolaires, pour traiter de tout cela. Mais c’est le travail que l’on doit faire.
Wahid Khan, Directeur de cours de la faculté d’éducation de l’Université York
Quelles sont les prochaines étapes?
Le 1er mars a été un moment important dans notre parcours de détermination et de mise en œuvre de stratégies visant à rendre le sport en milieu scolaire plus accessible et valorisant pour chaque élève. Lisez la déclaration d’Ophea, Repenser le but du sport en milieu scolaire. Ophea remercie MLSE LaunchPad pour sa collaboration lors de cet événement, nos personnes animatrices pour leurs séances engageantes, et toutes les personnes qui étaient présentes pour partager leurs réflexions et perspectives, en particulier les jeunes!
Vous voulez en savoir plus sur les discussions qui ont eu lieu et sur la façon dont les leaders du système et les jeunes pensent que nous pouvons améliorer l'expérience des élèves en matière de sport scolaire ? Nous avons préparé une vidéo des moments forts (en anglais seulement) pour capturer certains des principaux moments et thématiques de l'événement, ainsi qu'un espace de libre parole (« Speaker’s Corner ») pour les jeunes (en anglais seulement), leur permettant ainsi de partager leurs expériences et leurs perspectives en matière de sport en milieu scolaire dans un espace authentique et sans filtre.
Restez à l’écoute pour d’autres initiatives à la suite de cet événement et, en attendant, vous pouvez explorer les ressources d’Ophea qui peuvent servir à la mise sur pied d’activités intra-muros inclusives et à la création de milieux d’apprentissage inclusifs en ÉPS :
Bibliographie
Bon départ. (2024). Rapport de Bon départ sur la situation du jeu à l’intention des jeunes. https://cdn.shopify.com/s/files/1/0122/8124/9892/files/State-of-Play-2024-FR.pdf?v=1713368242
Dwyer, J. J., Allison, K. R., LeMoine, K. N., Adlaf, E. M., Goodman, J., Faulkner, G. E., & Lysy, D. C. (2006). A provincial study of opportunities for school-based physical activity in secondary schools. The Journal of adolescent health: official publication of the Society for Adolescent Medicine, 39(1), 80–86. https://doi.org/10.1016/j.jadohealth.2005.10.004
Gumprich, M., & Hare, N. (2023). Canadian Non-binary Youth In Sport. https://ankorstransconnect.com/wp-content/uploads/2023/10/non-binary-youth-in-sport-report.pdf
Ophea. (s.d.). Les activités scolaires. Normes de sécurité de l’Ontario pour l’activité en éducation. https://securite.ophea.net/a-propos/les-activites-interscolaires
Ophea. (s.d.). Les activités intra-muros. Normes de sécurité de l’Ontario pour l’activité en éducation. https://securite.ophea.net/a-propos/les-activites-intra-muros