
Le 18 mars 2025, Ophea a organisé un webinaire en collaboration avec Julie S. Lalonde (elle) et Dr Christopher Dietzel (il/lui) sur les hypertrucages, communément appelés « deepfakes », et leurs impacts. On y a notamment présenté les plus récentes ressources pédagogiques d’Ophea à ce sujet et une table ronde animée par Pascale VandenHaak (elle), ambassadrice d’Ophea.
Accédez à l’intégralité du webinaire sur notre chaîne YouTube.
Dr Dietzel a mené des recherches de pointe sur les expériences des personnes 2SLGBTQIA+ avec les applications de rencontre et a contribué à des travaux de recherche sur la création d’espaces numériques plus sûrs pour les communautés diverses ainsi que sur les impacts de la pandémie de la COVID-19 sur les communautés marginalisées. Les recherches de Dr Dietzel explorent les intersections entre le genre, la sexualité, la sécurité, la santé et la technologie. Il a travaillé au Canada, aux États-Unis, en France, à Singapour et en Australie. Il apporte une riche expérience en matière de méthodes qualitatives, de synthèse des connaissances et d’approches participatives qui touchent diverses populations dans la recherche.
Il est membre de l’équipe de sécurité de « Jeunesse éduquée sur le numérique : Sécurité digitale » (Digitally Informed Youth : Digital Safety), qui vise à autonomiser les jeunes et à leur fournir des ressources adaptées afin de leur permettre de se sentir en sécurité en ligne et de mieux comprendre l’éthique numérique. Cette équipe a organisé 25 groupes de discussion avec des jeunes à travers le Canada et a lancé une enquête nationale. Leurs recherches ont révélé que 28 % des personnes interrogées ont subi au moins un préjudice en ligne (harcèlement en ligne, cyberharcèlement, caméras cachées, photovoyeurisme, partage non consensuel d’images de personnes nues, pression pour envoyer des images intimes, hypertrucage de personnes nues, sextorsion), tandis que 47 % d’entre elles ont été témoins d’au moins un type de préjudice subi par une personne de leur entourage. L’équipe DIY a déterminé qu’il y avait un besoin accru de soutien pour les jeunes, ainsi que pour les organisations qui viennent en aide aux jeunes victimes de violence à caractère sexuel facilitée par la technologie.
Julie S. Lalonde, défenseuse des droits des femmes et éducatrice publique, a consacré les 23 dernières années à lutter contre la violence fondée sur le genre au Canada, principalement par l’intervention des témoins et des personnes de l’entourage et le soutien communautaire. Elle a créé la campagne Draw-the-Line/Traçons-les-limites, et forme chaque année des milliers de personnes au Canada à la prévention de la violence à caractère sexuel et du harcèlement.
Dr Dietzel et Julie ont souligné le manque de ressources pour lutter contre la violence facilitée par la technologie et le nombre très limité de ressources consacrées aux hypertrucages, qui sont malheureusement de plus en plus courants.
Statistiques importantes à connaître
Les hypertrucages, communément appelés « deepfakes », sont des manipulations médiatiques très réalistes qui sont rendues possibles par l’intelligence artificielle. Ces faux produits numériques, qui peuvent inclure des images, des vidéos, des voix et du texte, sont de plus en plus difficiles à détecter. Les individus, qu’ils soient des personnalités publiques ou politiques ou des personnes ordinaires, sont de plus en plus vulnérables à l’exploitation en raison de la facilité avec laquelle ces faux peuvent être créés et diffusés.
- Plus de 90 % des deepfakes en ligne sont des vidéos pornographiques non consensuels mettant en scène des femmes (Gouvernement du Canada, 2023).
- 74 % des Canadiens de moins de 30 ans ont déjà vu un deepfake (La Presse Canadienne, 2024).
- 31 % des jeunes en font l’expérience chaque semaine (Gouvernement du Canada, 2023).
Nouveaux outils pédagogiques
Les Ressources d’éducation sur la prévention de la violence fondée sur le genre ont été conçues pour améliorer la compréhension du personnel enseignant du harcèlement et de la violence fondée sur le genre et pour mieux leur faire connaître les moyens de prévention par l’éducation dès un jeune âge et les discussions franches en classe.
Ophea a lancé une nouvelle ressource pour aider le personnel enseignant à aborder le sujet de la violence facilitée par la technologie. La série complète s’appuie sur des mises en situation tirées de la campagne provinciale de prévention de la violence à caractère sexuel « Draw-the-Line/Traçons-les-limites » et vise à favoriser le dialogue et à améliorer l’apprentissage sur le consentement, les relations saines et la prévention de la violence fondée sur le genre.
La ressource comprend une fiche de mise en situation (illustration graphique), un document pédagogique, un guide de discussion, une vidéo, des points à retenir et des stratégies, et est offerte en anglais et en français. Les élèves peuvent utiliser les questions pour orienter leurs conversations, réfléchir de manière critique à la mise en situation de l’activité et en découvrir le problème sous-jacent, puis analyser leurs réponses en tant que témoins. L’analyse des mises en situation par la pensée critique, les discussions en groupe et la réflexion individuelle amènent les élèves à examiner les actions proposées en tant que témoins d’un point de vue moral et éthique et à trouver des solutions pour réagir de manière sûre et raisonnable.
Des vidéos mises à jour réalisées par des personnes expertes sont également offertes pour aider les membres du personnel enseignant à utiliser les activités en classe avec leurs élèves :
- Introduction à la prévention de violence fondée sur genre. Cette vidéo propose un aperçu des taux de violence fondée sur le genre au Canada et du rôle important des témoins dans la prévention de la violence fondée sur le genre.
- Introduction au consentement. Nous posons souvent la question « Qu’est-ce que la violence fondée sur le genre? » alors que nous devrions demander « Qu’est-ce que le consentement? ». Si nous comprenons le consentement et si, en tant que société, nous le mettons en priorité et le respectons, nous faisons un grand pas vers l’élimination de la violence fondée sur le genre.
- La création d’espaces propices à des discussions constructives en classe. Il est difficile de parler de la prévention de la violence fondée sur le genre et cela peut susciter beaucoup de sentiments de malaise chez toutes les personnes concernées. Ces conseils, basés sur l’expérience concrète de Julie S. Lalonde, qui a animé de telles conversations à travers le Canada et dans le monde entier, vous aideront à créer un climat propice à des discussions constructives en classe.
Ophea tient à remercier Dr Dietzel, Julie S. Lalonde et toutes les personnes qui ont participé d’avoir partagé leurs connaissances avec nous. Nous espérons poursuivre avec notre public d’importantes discussions sur la prévention de la violence fondée sur le genre. En tant que membres d’une communauté scolaire, il est de notre responsabilité commune de nous assurer que le personnel, les élèves et les partenaires communautaires possèdent les habiletés nécessaires pour établir des relations saines et mettre en place des modes de communication positifs fondés sur le respect.
Bibliographie
Gouvernement du Canada. (2023). Les hypertrucages, une vraie menace pour l’avenir du Canada. URL : https://www.canada.ca/fr/service-renseignement-securite/organisation/publications/evolution-de-la-desinformation-un-avenir-hypertruque/les-hypertrucages-une-vraie-menace-pour-lavenir-du-canada.html
Deschamps, Tara. La Presse Canadienne. (2024). La plupart des Canadiens ont repéré des hypertrucages en ligne et près d’un quart d’entre eux en font l’expérience chaque semaine, selon une nouvelle étude. URL : https://www.lapresse.ca/affaires/techno/2024-08-20/etude-de-l-universite-metropolitaine-de-toronto/pres-d-un-quart-des-canadiens-reperent-des-hypertrucages-en-ligne-chaque-semaine.php.