La culture du consentement dans la « nouvelle normalité »

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C’est avec plaisir que nous cédons la plateforme d’Ophea à Julie S. Lalonde, militante féministe et éducatrice reconnue à travers le monde, et qui demeure à Ottawa. Depuis près de 20 ans, elle s’efforce d’améliorer la vie des femmes et des filles au Canada en encourageant la participation de témoins à la création de communautés de soutien. Elle a créé des campagnes de prévention de la violence, dont Traçons-les-limites/Draw-the-line.ca et Hors de la noirceur, un projet artistique pour les personnes victimes de harcèlement criminel. Julie a remporté plusieurs récompenses pour ces efforts et elle a fait des présentations dans six pays sur quatre continents en deux langues.   

Lisez ce qui suit pour en apprendre davantage sur le lien entre la pandémie, le passage à la vie en ligne et le retour au présentiel, et l’éducation sur le consentement! 

Les deux dernières années ont été très dures. La pandémie de la COVID-19 a bouleversé le monde et il est difficile de penser à autre chose. Je suis convaincue que je parle pour la plupart des gens en disant que la vie depuis le début de la pandémie est pénible et que j’ai hâte qu’elle soit derrière nous. Cependant, en tant qu’éducatrice, j’espère que nous allons conserver une chose dans notre nouvelle normalité, et c’est notre compréhension du consentement.   

La COVID-19 nous a donné une occasion formidable de discuter du consentement   

Alors que les experts en apprenaient de plus en plus sur le virus responsable de cette pandémie, les informations transmises par la santé publique ont été modifiées en conséquence. Pour chaque nouvelle information (Distanciation sociale! Masques! Lavage des mains!), nous avons adapté nos interactions avec les autres. Soudainement, les parents et le personnel enseignant entretenaient des conversations très franches avec les jeunes concernant les limites et le respect de l’espace d’autrui. « Nous ne pouvons pas donner un câlin à grand-maman parce qu’elle est vulnérable et elle pourrait tomber malade. » « Nous devons porter un masque lorsque nous allons chez votre tante, car votre cousin est un bébé et il ne peut pas se faire vacciner. »  « Les parents de Kim acceptent seulement que vous jouiez ensemble à l’extérieur. » Nous parlons du respect des limites que les personnes ont établies pour se protéger. En fait, ce sont des conversations sur le consentement! Le consentement ne s’applique pas seulement à l’activité sexuelle; plus nous parlons de tous les aspects du consentement, plus il est facile d’en parler dans le contexte de l’activité sexuelle, car nous sommes déjà à l’aise avec le langage. Si une jeune personne entend le mot « consentement » seulement dans un contexte sexuel, elle sera certainement mal à l’aise lorsque le sujet est abordé. Cependant, si elle connaît toutes les limites d’une personne que nous devons respecter, il lui sera alors plus facile de comprendre que cela s’applique à toutes ses relations.  

Je vous encourage à penser aux diverses façons par lesquelles les protocoles et les mesures de protection concernant la COVID-19 peuvent ouvrir la voie à d’importantes conversations sur le consentement.  

Et bien que le monde ait fermé ses portes, la vie a continué, et la violence aussi 

Alors que notre travail, l’école et notre vie sociale se sont transportés en ligne, nous y avons, malheureusement, aussi amené le harcèlement, la coercition et la violence. Les conversations concernant les fréquentations sécuritaires en ligne n’ont jamais eu plus d’importance. Trop souvent, les conservations s’arrêtent à « Prends pas de photos de toi nu(e)! ». Cependant, nous ne créons pas un espace pour discuter de la pression intense que ressentent les jeunes, particulièrement les jeunes femmes. Ophea a créé un nouvel ensemble de ressources pour aider à composer avec la pression exercée par les pairs pour envoyer des photos de soi nu(e). Plus précisément, les ressources abordent des moyens d’apporter du soutien à une amie qui a le béguin pour une personne et qui souhaite poursuivre cette relation, mais elle est incertaine de ce qu’elle devrait faire, parce que la personne lui demande d’envoyer des photos d’elle nue. La fiche de mise en situation invite les élèves à réfléchir à des façons d’appuyer les choix de leur amie tout en lui rappelant qu’elle n’est pas obligée de faire quoi que ce soit contre son gré. La fiche de mise en situation est accompagnée d’une vidéo, d’un plan d’activité et d’une de feuille de travail pour les élèves, permettant ainsi au personnel enseignant de lancer la discussion en classe.    

Alors que le bal des finissants adopte une « nouvelle normalité », il faut parler des façons sécuritaires de faire la fête    

Plusieurs écoles vont organiser de nouveau des bals de finissants en présentiel et les fêtes qui y sont associées. Même avant la pandémie, des messages étaient transmis aux jeunes pour les sensibiliser aux divers aspects entourant le bal. Les messages avertissant de ne pas conduire en état d’ébriété sont courants et essentiels, mais il faut aussi parler de l’alcool et du danger qu’elle présente lors des fêtes pour les personnes en état d’ébriété et seules. Ophea offre des ressources, en partenariat avec la campagne Traçons-les-limites, pour inciter les jeunes à réfléchir aux façons de faire la fête en toute sécurité. Après deux longues années, les élèves se réjouissent avec raison de reprendre leurs activités! Mais, si une amie ou un ami tombe ivre mort(e) sur un divan lors d’une fête, sauront-ils quoi faire pour l’aider? Si un garçon exerce de la pression sur eux pour transporter des filles saoules à une chambre, sauront-ils reconnaître les signaux d’alarme? Ces outils utilisent une approche fondée sur la réduction des méfaits pour donner aux élèves les outils pour être des témoins et des personnes de l’entourage efficaces sans pour autant être condescendants ou des rabat-joies.   

Mai est le Mois de la prévention des agressions sexuelles en Ontario. L’occasion est idéale pour réfléchir aux moyens d’aider nos jeunes à l’arrivée de la saison des bals de finissants et de l’été et des mesures assouplies concernant la COVID-19. Je suis attristée de penser à tout ce que les jeunes ont manqué au cours des deux dernières années : sports, théâtre, fêtes d’anniversaire, bals des finissants. Alors que le monde ouvre enfin ses portes et que les élèves peuvent l’explorer de nouveau, aidons-les à se protéger!  

Jetez un coup d’œil dès aujourd’hui aux ressources d’Ophea sur la prévention de la violence à caractère sexuel!