L’heure juste sur le cannabis : Les jeunes et la conduite sous l’influence du cannabis

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Pour notre quatrième chronique de la série « L’heure juste sur le cannabis », nous nous sommes entretenus avec Dr Robert Mann de l’Institut de recherche sur les politiques de santé mentale du Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) au sujet de la conduite avec les facultés affaiblies par le cannabis chez les jeunes.

Lisez ce qui suit pour connaître ce que vous devez savoir sur les jeunes et la conduite avec les facultés affaiblies par le cannabis et sur le rôle que nous pouvons tous assumer en communiquant des messages cohérents à ce sujet.

Que savons-nous sur la proportion de jeunes qui consomment du cannabis ?

Nous savons que la majorité des jeunes ne consomment pas de cannabis. Selon le Sondage sur la consommation de drogues et la santé des élèves de l’Ontario (SCDSEO) de 2017 :

  • 81 % des élèves de la 7e à la 12e année ont rapporté ne pas avoir consommé de cannabis au cours de l’année écoulée.
  • La proportion des élèves qui consomment du cannabis augmente avec l’année d’études et est à son plus élevé en 12e année où 37 % des jeunes rapportent en avoir consommé au cours de l’année écoulée.
  • Les garçons et les filles sont également susceptibles de consommer du cannabis.
  • Le cannabis est la deuxième substance la plus consommée après l’alcool.

Quelle est la proportion de jeunes qui a rapporté avoir conduit après avoir consommé du cannabis ?

Le SCDSEO a demandé aux élèves de la 10e à la 12e année qui sont titulaires d’un permis de conduire s’ils avaient pris le volant après avoir consommé du cannabis au cours de l’année écoulée.

  • Parmi ceux qui détiennent un permis de conduire, 9 %, soit environ 24 100 jeunes, ont rapporté avoir pris le volant une heure ou moins après avoir consommé du cannabis.
  • Les garçons (11 %) étaient plus susceptibles que les filles (6 %) de conduire après avoir consommé du cannabis.
  • Les élèves de la 10e, 11e et 12e année semblent également susceptibles de rapporter avoir pris le volant après avoir consommé du cannabis.

Plus d’élèves ont rapporté avoir pris le volant après avoir consommé du cannabis (9 %) qu’après avoir consommé de l’alcool (4 %) en 2017.

Comment cela se compare-t-il aux années antérieures ?

Le pourcentage d’élèves qui rapportent avoir pris le volant après avoir consommé du cannabis est stable au cours des dernières années. Les taux sont similaires à ceux de 2011 (10-12 %). Toutefois, ces taux sont nettement inférieurs aux estimations faites entre 2001 et 2009, alors qu’ils se situaient entre 16 % et 20 %.

Qu’en est-il pour les passagers d’un véhicule dont le conducteur a consommé du cannabis ?

Les jeunes sont aussi à risque d’être impliqués dans une collision causée par la conduite sous l’influence du cannabis s’ils voyagent à bord d’un véhicule dont le conducteur a consommé du cannabis.

  • En 2017, 9 % des élèves de la 7e à la 12e année ont rapporté au cours de l’année écoulée avoir voyagé à bord d’un véhicule dont le conducteur avait consommé de la drogue.

Les données n’apportent pas de précisions sur les drogues utilisées par les conducteurs, mais on peut présumer qu’une grande proportion d’entre eux avaient consommé du cannabis.

  • La proportion d’élèves passagers d’un véhicule dont le conducteur a consommé de la drogue augmente avec l’année d’études et atteint 22,4 % des élèves de la 12e année.

Est-ce qu’il y a lieu de s’inquiéter ?

La consommation de cannabis, même occasionnelle, peut causer des torts. La conduite avec les facultés affaiblies par le cannabis peut doubler le risque d’être impliqué dans une collisionLe cannabis peut avoir un effet sur diverses habiletés requises pour la conduite d’un véhicule motorisé, notamment la mémoire à court terme, la prise de décisions, la coordination motrice et la concentration. Des études sur la conduite après la consommation de cannabis ont montré que les conducteurs changent plus souvent de voies et qu’ils conduisent plus lentement.

Les effets dépendent de la façon dont le cannabis a été consommé, de sa teneur en substances psychotropes et de l’expérience du conducteur. Nous savons aussi que les élèves qui conduisent après avoir consommé du cannabis sont, en général, plus susceptibles de rapporter des problèmes liés à leur consommation de cannabis et d’alcool. CAMH mène actuellement des études visant à déterminer les effets du cannabis sur la conduite et à évaluer le temps pendant lequel les facultés restent affaiblies après la consommation.

Les adolescents et les jeunes adultes sont les plus susceptibles de prendre le volant après avoir consommé du cannabis ; par conséquent, ils sont les plus susceptibles d’être impliqués dans une collision causant la mort ou des blessures. Selon une étude menée en 2017 par le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances (CCDUS), les jeunes conducteurs de 16 à 34 ans représentent seulement 32 % de la population, mais sont responsables de 61 % des collisions mortelles pour lesquelles la consommation de cannabis est en cause. De plus, les pourcentages de jeunes conducteurs qui ont subi des blessures causées par le cannabis (59 %) et qui ont été impliqués dans des collisions entraînant des dommages matériels (68 %) sont plus élevés que la moyenne.

En vertu des lois ontariennes, les conducteurs arrêtés pour conduite avec facultés affaiblies par une drogue, y compris le cannabis, peuvent recevoir des amendes, voir leur permis de conduire révoqué, faire face à des accusations criminelles et sont passibles d’emprisonnement. Il est interdit pour les conducteurs novices et les jeunes conducteurs de moins de 21 ans d’avoir du cannabis dans leur organisme.

Que peut faire le personnel enseignant pour aider les jeunes à prendre des décisions saines en ce qui concerne la conduite après avoir consommé du cannabis ?

Le sujet de la conduite avec les facultés affaiblies par le cannabis est d’actualité, mais il ne faut pas oublier que la conduite avec les facultés affaiblies par l’alcool est en cause pour un grand nombre de décès et de blessures. Selon le SCDSEO, environ 24 100 jeunes conducteurs de la 10e à la 12e année ont pris le volant l’an dernier après avoir consommé du cannabis et 11 600 après avoir bu deux consommations alcoolisées ou plus. Les efforts visant à prévenir la conduite sous l’influence de substances psychotropes ne devraient pas mettre l’accent exclusivement sur le cannabis, mais aussi sur l’alcool et les autres drogues.

Il est essentiel de mettre en œuvre des initiatives visant à prévenir la conduite d’un véhicule après la consommation de substances. Les jeunes doivent comprendre les risques associés à la conduite avec les facultés affaiblies par le cannabis et les messages qu’ils entendent à ce sujet doivent être cohérents.

À l’approche des festivités entourant la fin de l’année scolaire et des vacances estivales, il s’agit d’un temps d’année opportun pour le personnel enseignant d’établir des liens entre le cannabis et leur programme-cadre et pour aider les élèves à apprendre, à réfléchir et à faire des choix plus sécuritaires en ce qui concerne les situations où des substances comme le cannabis sont un facteur.

Par exemple, vous pourriez demander aux élèves de :

  • Faire une recherche sur les conséquences à court et à long terme et sur les possibles conséquences juridiques de prendre le volant après avoir consommé des substances psychotropes et d’utiliser ce qu’ils ont découvert pour créer des annonces d’intérêt public ou des messages à diffuser sur les réseaux sociaux à l’intention de leur communauté scolaire incitant chacun à faire des choix sensés.
  • Songer aux conséquences possibles de conduire après avoir consommé une substance psychotrope ou de monter à bord d’un véhicule dont le conducteur a consommé une substance psychotrope sur leur avenir et sur leur entourage, notamment les amis, la famille et les relations amoureuses.
  • Nommer des options autres pour éviter de conduire avec les facultés affaiblies ou de monter à bord d’un véhicule dont le conducteur a consommé des substances psychotropes, et de cerner des stratégies qu’ils utiliseraient pour aider d’autres personnes à faire des choix plus sécuritaires dans de telles situations.

Vous pouvez aussi visiter le répertoire de ressources d’éducation sur le cannabis d’Ophea pour avoir accès à des ressources comme les Recommandations canadiennes pour l’usage du cannabis à moindre risque Information sur le cannabis à l’intention des écoles et des conseils scolaires ; et Ne conduis pas gelé. Ces dernières et d’autres ressources du répertoire peuvent être utilisées avec les élèves pour leur permettre de mieux comprendre les risques associés à la conduite d’un véhicule après avoir consommé du cannabis, pour qu’ils puissent analyser les conséquences à court et à long terme associées à la consommation de substances psychotropes, et pour les aider à faire des choix plus sécuritaires.

De plus, comme il en a été question dans la troisième chronique de L’heure juste sur le cannabis : le rôle des conseils scolaires, il est possible d’obtenir du soutien additionnel en suscitant la participation de partenaires communautaires. Vous pouvez trouver de l’information sur des programmes de « finissants sans accident » dans votre communauté au bureau de santé publique de votre région ou en visitant le site Web du ministère de la Santé et des Soins de longue durée et sur des campagnes et programmes de sensibilisation des jeunes sur le site Web de MADD Canada.

Remplissez le formulaire de la chronique L’heure juste sur le cannabis pour soumettre vos questions à Ophea pour la chronique du mois prochain. Visitez la page Web consacrée aux Ressources d’éducation sur le cannabis pour consulter un répertoire de ressources et suivez #MercrediÉducationMarijuana sur Twitter pour découvrir une nouvelle ressource mise en vedette chaque semaine. Vous pouvez aussi vous inscrire afin de recevoir le bulletin eConnexion d’Ophea pour lire la chronique du mois prochain et pour demeurer au courant des enjeux actuels, des plus récentes ressources et des évènements à venir !

Merci !

Ophea et le Programme de soutien au système provincial du Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH)