L’intersectionnalité est une théorie qui a été proposée dans les années 80 par la juriste féministe noire Dre Kimberlé Williams Crenshaw. Elle l’a définie comme une métaphore de la façon dont de multiples forces se recoupent et interagissent pour renforcer les situations d’inégalité et d’exclusion sociale et créer des obstacles que nous ne comprenons souvent pas dans le contexte de nos modes de pensée conventionnels sur nos structures actuelles d’action sociale.
Concrètement, cela signifie qu’on ne peut pas classer les élèves en catégories selon un aspect de leur identité ou de leurs expériences vécues (p. ex., race, ethnicité, genre, capacité, classe). Tous ces aspects font partie de leur identité. Nous vivons à l’intersection de nos diverses identités. Par exemple, un élève peut jouir de privilèges parce qu’il est de race blanche, mais jouir de moins de privilèges à cause d’un handicap. Ou encore, une élève peut jouir de moins de privilèges parce qu’elle est de sexe féminin, mais en jouir plus que d’autres parce qu’elle est mince.
L’intersectionnalité nous donne une perspective pour nous voir les uns les autres afin que nous puissions mieux comprendre nos expériences respectives.
Voici quelques conseils pour l’enseignement de l’éducation physique et santé (ÉPS) selon une optique intersectionnelle :
- Vous devez comprendre qui sont les personnes touchées. La participation et les possibilités en ÉPS varient en fonction des individus et de leur position sociale. Prenez le temps de comprendre qui est touché et comment les systèmes d’oppression engendrent des inégalités en fonction de la position sociale des individus. Par exemple, l’expérience d’un élève en ÉPS peut être influencée par de multiples facteurs comme la race, l’origine ethnique, le genre, l’orientation sexuelle, le statut socio-économique et d’autres variables liées à l’identité. Dans cette optique, le personnel enseignant devrait adopter une approche intersectionnelle lorsqu’il planifie le programme d’ÉPS afin de favoriser la participation des groupes marginalisés.
- Reconnaissez que la capacité d’une personne à intervenir relève directement de son pouvoir dans la situation. Par exemple, les jeunes hommes cisgenres blancs peuvent plus facilement interrompre un commentaire misogyne en ÉPS que les jeunes femmes qui sont plus susceptibles d’être ignorées. Cependant, les élèves marginalisés sont tout de même capables d’être des témoins et des alliés efficaces. Cela signifie simplement que nous devons présenter une variété de stratégies pour chaque situation afin que tous les élèves, peu importe leurs privilèges, puissent intervenir en toute sécurité et faire une différence.
- Diversifiez vos ressources. Prenez en considération la question suivante lorsque vous utilisez des ressources comme des vidéos, des affiches ou des livres : présentent-elles seulement des personnes de race blanche, sans handicap et qui semblent hétérosexuelles? Est-ce de même lorsque vous invitez une personne à faire une présentation? Si vous invitez des personnes de minorité visible, est-ce uniquement dans le cadre de discussions sur la race, le racisme et la diversité? Si oui, il faut changer vos pratiques. Les élèves s’épanouissent lorsque leur diversité est représentée dans tous les aspects de la vie, et ce sujet n’y fait pas exception. Offrez des occasions de mettre en lumière ou célébrer les groupes marginalisés et ceux historiquement opprimés.