Témoignages de membres du personnel enseignant

Pour veiller à l’inclusion dans les communautés scolaires, il faut comprendre que chaque personne fait partie de l’ensemble et qu’elle est digne d’un environnement où elle peut contribuer, participer et s’épanouir. Et bien que les bonnes intentions et la compréhension des bienfaits de l’équité constituent un bon point de départ, elles ne sont pas suffisantes pour engendrer un changement durable. Pour y parvenir, nous devons adopter une approche holistique, axée sur l’équité et qui valorise la diversité et l’inclusion.

Le programme-cadre d’éducation physique et santé (ÉPS) repose sur la vision que les connaissances et les habiletés acquises par les élèves dans le cadre du programme leur permettront de mener une vie saine et active et d’exceller dans un monde en évolution. Nous savons bien que l’ÉPS de qualité doit être fondée sur la promotion d’un sentiment d’appartenance. Malheureusement, nous savons aussi que par le passé, l’ÉPS a joué un rôle dans le colonialisme au Canada, et que ce programme d’étude est encore impliqué dans le racisme, le capacitisme et plusieurs autres comportements oppressifs dans le système de l’éducation. C’est pourquoi une approche équitable est plus importante que jamais.

Cette section comprend divers témoignages de membres du personnel enseignant de l’Ontario ayant des identités, des origines et des expériences différentes. Les témoignages permettent au personnel enseignant de réfléchir à ses propres pratiques et d’orienter un dialogue constructif avec ses collègues sur la valeur du bien-être, de l’équité et des droits de la personne en ÉPS.

Témoignage d’un membre du personnel enseignant d’ÉPS au palier élémentaire

« En tant qu’enseignante, il est essentiel de comprendre comment les origines et les pratiques de notre programme d’ÉPS ont influencé l’éducation et les expériences de nos élèves au fil du temps. En pensant à mes propres expériences, je constate une relation très complexe avec l’exclusion, surtout pour nos élèves ayant un handicap. En grandissant, je ne me souviens d’aucun élève ayant un handicap dans mes cours d’éducation physique. Ce n’est que lorsque j’ai appris notre histoire de l’institutionnalisation que mon intérêt personnel et mon apprentissage sur la valeur de l’intégration et de l’inclusion ont commencé à grandir. Pour moi, la réflexion est une étape nécessaire de la démarche pour promouvoir davantage l’inclusion et le respect des perspectives diverses. Connaître l’histoire de la communauté des personnes ayant un handicap nous permet de remettre en question les préjugés et les hypothèses que nous avons sur nos élèves marginalisés. En tant qu’enseignante je m’efforce continuellement d’utiliser ma position, mon pouvoir et mes privilèges pour accompagner les élèves ayant un handicap dans mon programme d’ÉPS. L’une des étapes les plus simples et les plus importantes consiste à donner la priorité à la construction de relations de confiance authentiques avec mes élèves et leurs familles. Une stratégie que j’intègre dans ma pratique pour affirmer l’identité des élèves ayant un handicap au début de l’année scolaire est de prendre le temps de demander à tous mes élèves ce que l’activité physique signifie pour eux et leur famille. Cette simple question m’aide à explorer plus profondément pour en savoir plus sur mes élèves, leurs champs d’intérêt et leur définition du mouvement. »

Témoignage d’un membre du personnel enseignant généraliste au palier élémentaire

« Lorsque je regarde l’ÉPS ainsi que les jeux traditionnels qui y sont présentés et enseignés, ils sont axés sur des activités largement acceptées par la société nord-américaine. Nous avons des élèves noirs, bruns et autochtones qui peuvent ne pas avoir de liens avec ces activités, mais qui grandissent en apprenant à leur sujet, alors que le contenu utilisé repose sur des pratiques traditionnelles blanches nord-américaines. En tant qu’éducateurs, nous devons tenir compte des identités présentes dans nos écoles en Ontario. Je pense que nous commettons une injustice si nous ne nous concentrons pas sur les différentes cultures et les différentes parties du monde dont sont issus nos élèves. Si vous n’avez pas ces connaissances ou cette formation, prenez le temps de vous renseigner. Apprenez auprès d’un aîné. Apprenez auprès d’un membre de la communauté. Apprenez à connaître vos élèves, ainsi que leurs cultures et leurs origines. Dans mon cours d’ÉPS, j’essaie de rendre l’apprentissage pertinent pour eux et de faire des rapprochements à leur identité personnelle et culturelle, pour y mettre l’accent pendant mes leçons. Lorsque je regarde la composition démographique et les besoins de ma propre classe, tous les élèves sont d’origine asiatique, sud-asiatique et est-asiatique. Par exemple, lorsque j’enseigne le sujet de l’alimentation saine, est-ce que je vais vraiment leur montrer tous ces fruits et légumes qui ne se retrouvent probablement pas dans leur assiette ? Je prends le temps de leur demander quels aliments sont consommés à la maison, et comment cela peut être lié aux célébrations et aux traditions jugées importantes dans leur culture et leur famille. En posant ce type de questions, l’apprentissage est plus enrichissant et concret pour eux. Le programme-cadre est ainsi à leur image. »

Témoignage d’un membre du personnel enseignant d’ÉPS au palier secondaire

« Dans mon expérience personnelle en ÉPS, ce qui était partagé et enseigné à l’université se concentrait sur les sports traditionnels nord-américains et eurocentriques. Il n’y avait pas suffisamment d’occasions pour apprendre au sujet des jeux pratiqués dans différentes parties du monde. Aujourd’hui, le personnel enseignant continue de faire passer des examens sur la connaissance de l’endroit où le basketball, le hockey et le football ont été inventés, ainsi que sur les règles de ces jeux. Cette approche de l’enseignement en ÉPS exclut les élèves qui ne voient pas ou ne valorisent pas ces sports comme une forme d’activité physique. Que dire des autres élèves qui sont exclus ? Il est nécessaire de changer de perspective quant à ce qui constitue une expérience significative pour nos élèves et d’apprendre à leur offrir des occasions de partager leurs pratiques et leurs champs d’intérêt issus de leurs propres origines et cultures. Au palier secondaire, je pense que nous devons redéfinir ce qu’est le succès pour chaque élève.

Lorsque l’on mène une vie privilégiée, on ne comprend pas les obstacles auxquels certains élèves font face et ce qu’ils ressentent. Lorsque l’on a grandi dans une famille qui vous a toujours encouragé à pratiquer une activité physique, il est difficile de comprendre les élèves qui ne vous ressemblent pas. J’ai de la chance, car je me reconnais dans ces élèves issus de minorités. En tant qu’élève racisé, j’ai eu la chance d’avoir de formidables enseignants qui valorisaient mes différences. Quelqu’un était là pour moi et a changé le cours de ma vie.

Je crois que nous ne progresserons que lorsque les membres du personnel enseignant d’une communauté scolaire deviendront un groupe uni. La responsabilité ne doit pas incomber uniquement aux enseignants issus des minorités. Pour joindre les élèves marginalisés, nous devons agir ensemble. Ayez le courage de sortir de votre zone de confort. Utilisez des ressources qui reflètent la diversité. Permettez aux élèves de partager leurs champs d’intérêt et leur curiosité et de déterminer les unités à enseigner en éducation physique et santé. Offrez des occasions aux élèves de partager et de démontrer leurs habiletés dans des jeux et des activités dans lesquels l’atteinte de l’excellence leur est possible. Le personnel enseignant doit sortir de sa zone de confort. »

Témoignage d’un membre du personnel enseignant d’ÉPS au palier secondaire

« Il est important de prendre le temps de comprendre l’histoire des personnes ayant un handicap et de leur exclusion dans l’éducation pour nous aider à progresser vers un changement significatif et pour normaliser les différences en ÉPS. Je donne le cours de leadership de 12e année (PLF4M, Leadership pour les activités récréatives et de vie active et saine) et j’en profite pour aider les élèves dans leur apprentissage et leur compréhension du fait que les élèves ayant un handicap sont souvent exclus en ÉPS. L’un des objectifs de ce cours est de fournir des possibilités aux élèves, ayant un handicap ou non, d’enseigner et d’apprendre dans un environnement intégré afin de comprendre l’importance de jouer ensemble, où tout le monde, avec le soutien adéquat, peut avoir accès à une vie active et saine.

Si vous croyiez réellement en une ÉPS de qualité, alors elle devrait être accessible à tous. Pas seulement aux élèves n’ayant pas un handicap. Allez-y petit à petit. Prenez le temps d’aider les élèves, ayant un handicap ou non, à établir des relations par l’ÉPS et les activités physiques tout au long de la journée scolaire. En tant qu’enseignant pour qui l’inclusion est une passion, j’utilise ma position pour remettre en question les suppositions sur ce que les autres pensent que les élèves ayant un handicap peuvent faire ou non. »

Témoignage d’un membre du personnel enseignant d’ÉPS au palier secondaire

« Soyez à l’aise de parler à vos élèves, à leurs familles et aux membres de la communauté. Allez au-delà de ce que vous faites en classe. Pendant la journée, parlez aux élèves. C’est là que vous en apprenez davantage sur eux. À la sortie de l’école, parlez aux parents et aux personnes qui s’occupent d’eux. J’enseigne dans une communauté composée de familles asiatiques, sud-asiatiques et pakistanaises. Lorsque j’ai parlé avec les familles, elles ont partagé beaucoup de leurs expériences en matière d’activité physique de leur pays d’origine, comme le jeu de cricket et le netball. J’ai commencé à introduire les habiletés et les concepts utilisés dans le jeu de cricket en éducation physique, et à un moment donné, pendant la récréation, les élèves faisaient tout leur possible pour obtenir les guichets et les battes et jouaient ensemble. Plus vous prenez le temps avec les élèves et les familles, plus vous pouvez établir une relation qui contribuera à créer un environnement d’appartenance et de respect pour favoriser la croissance et l’apprentissage.

En tant qu’enseignant racisé, j’utilise ma position, mon pouvoir et mes privilèges pour reconnaître et perturber les systèmes oppressifs afin de valoriser les identités des élèves et de les mettre au cœur de l’ÉPS. J’ai eu des collègues qui ont fait des commentaires inappropriés sur certains groupes d’élèves. J’ai appris à entretenir des conversations difficiles et un dialogue sain pour remettre en question différents points de vue. Il faut s’asseoir et prendre le temps de parler à ses collègues. J’ai dû discuter avec mes collègues pour les amener à réfléchir et leur exprimer que ce genre de propos est inacceptable, tout en leur fournissant plus de contexte sur les raisons. »