L’intersectionnalité est une théorie qui a été proposée dans les années 80 par la juriste féministe noire Dre Kimberlé Williams Crenshaw. Elle l’a définie comme une métaphore pour la façon dont les multiples forces se recoupent et interagissent pour renforcer les situations d’inégalité et d’exclusion sociale et créent des obstacles que souvent nous ne comprenons pas dans le contexte de nos modes de pensée conventionnels sur nos structures actuelles d’action sociale.
Concrètement, cela signifie qu’on ne peut pas classer les élèves en catégories selon un aspect de leur identité ou de leurs expériences vécues (p. ex., race, ethnicité, genre, capacité, classe). Tous ces aspects font partie de leur identité. Nous vivons à l’intersection de nos diverses identités. Un élève peut jouir de privilèges parce qu’elle ou il est de race blanche, mais jouir de moins de privilèges à cause d’un handicap. Une élève peut jouir de moins de privilèges parce qu’elle est de sexe féminin, mais en jouir plus que d’autres parce qu’elle est mince.
L’intersectionnalité nous donne une perspective pour nous voir les uns les autres afin que nous puissions mieux comprendre nos expériences respectives.
Voici quelques conseils pour l’enseignement sur la prévention de la violence à caractère sexuel d’une optique intersectionnelle :
- Vous devez comprendre qui sont les personnes touchées. Nous avons discuté du fait que la violence à caractère sexuel est liée au genre, mais ce ne sont pas toutes les femmes qui font face aux mêmes risques. Au Canada, les femmes autochtones de plus de 15 ans sont 3,5 fois plus susceptibles d’être victimes de violence à caractère sexuel que les femmes non autochtones. Les personnes allosexuelles (queer) sont trois fois plus susceptibles d’être victimes de violence physique ou de violence à caractère sexuel. Les femmes handicapées sont deux fois plus susceptibles que celles qui ne le sont pas d’avoir été victimes d’agression sexuelle. Les personnes qui ont une déficience cognitive sont quatre fois plus susceptibles d’être victimes de violence que les personnes neurotypiques.
- Présentez une variété de stratégies pour les témoins et les personnes de l’entourage. Reconnaissez que la capacité d’une personne à intervenir est liée directement au pouvoir qu’elle détient dans la situation. Par exemple, les jeunes hommes peuvent plus facilement interrompre un commentaire misogyne que les jeunes femmes qui sont plus susceptibles d’être ignorées. Il est plus sécuritaire pour les élèves hétérosexuels de dénoncer l’homophobie que leurs camarades allosexuels. Cependant, cela ne signifie pas que les élèves marginalisés sont incapables d’être des témoins et des personnes de l’entourage efficaces. Cela signifie seulement que nous devons présenter une variété de stratégies pour chaque situation afin que tous les élèves, peu importe leurs privilèges, puissent intervenir de manière sécuritaire et faire une différence.
- Diversifiez vos ressources. Songez aux questions suivantes lorsque vous utilisez des ressources comme des vidéos, des affiches ou des livres : Est-ce qu’elles mettent en vedette seulement des personnes de race blanche, sans handicap et qui semblent hétérosexuelles? Est-ce de même lorsque vous invitez une personne pour faire une présentation? Si vous invitez des personnes de couleur, est-ce seulement lors des discussions sur la race, le racisme et la diversité? Si oui, changez vos pratiques! Les élèves s’épanouissent quand leur diversité est représentée dans tous les aspects de la vie, et ce sujet n’y fait pas exception.