par Julie S. Lalonde, éducatrice en prévention de la violence à caractère sexuel
Tenez compte des conseils suivants lorsque vous lancez des discussions avec les élèves au sujet de situations de violence fondée sur le sexe. Les conseils sont conçus pour axer les discussions sur le consentement et promouvoir une culture de respect. La mise en pratique de ces conseils favorise la participation des élèves à une discussion réfléchie tout en réfutant les mythes courants et les pratiques courantes comme le blâme des victimes. En mettant l’accent sur l’établissement d’une culture de respect lors de ces discussions, nous changeons les perceptions relatives à la violence fondée sur le sexe et nous créons un environnement dans lequel les agissements des auteurs de cette violence ne sont plus cautionnés.
Bons conseils
- Ne jetez jamais le blâme sur les victimes. Il ne faut jamais blâmer ou juger une victime. Il est important d’appuyer les personnes qui ont survécu à cette violence. Il faut respecter leurs choix même s’ils ne sont pas ceux que nous aurions faits.
- Allez au-delà de la loi. Les élèves peuvent souhaiter savoir ce que la loi prévoit, ce qui peut faire partie de l’apprentissage escompté par le programme-cadre; cependant, lorsque les discussions portent principalement sur les répercussions juridiques, les élèves sont plus susceptibles de retenir qu’il « ne faut pas se faire prendre », qu’il faut « s’en tirer », ou qu’il ne faut pas le faire « car c’est interdit par la loi ».
La norme juridique ne devrait pas être considérée ou cautionnée comme étant la norme acceptable pour un comportement convenable et respectueux.
Encouragez les élèves à penser au-delà des dispositions de la loi et à évaluer leurs gestes et leurs comportements dans le contexte d’interactions avec autrui et des caractéristiques des relations saines. Les discussions devraient être axées sur les valeurs, la morale, et l’éthique personnelles et sociétales afin d’engendrer des changements dans les points de vue, les actions, les normes, et la culture de la société.
- Assurez-vous que certaines questions ne fassent pas l’objet d’un débat. Bien qu’il soit important de donner aux élèves la possibilité d’examiner tous les aspects d’une question pour leur permettre de bien la comprendre, il est tout aussi important d’établir des règles de base afin que les discussions se tiennent dans un milieu accueillant, inclusif, et respectueux pour toutes les personnes. Établissez des ententes de classe qui exigent que les élèves respectent les faits, les lois, et les données relativement à la violence fondée sur le sexe.
- Discutez de moyens de passer à l’action. Attirez l’attention des élèves à des évènements quotidiens courants pour les aider à reconnaître les cas de violence fondée sur le sexe et à être en mesure d’intervenir de façon appropriée et sécuritaire dans l’éventualité où elles et ils pourraient empêcher des situations de s’aggraver. Bien qu’elles soient importantes, il est essentiel de se rappeler que les discussions concernant les cas de suicide peuvent envoyer le dangereux message aux survivantes et aux survivants, particulièrement aux jeunes femmes, que la seule façon d’obtenir la justice est de s’enlever la vie.
Meilleurs conseils
- Créez un espace propice aux discussions qui peuvent causer des malaises. Admettez que les discussions sur la violence fondée sur le sexe peuvent rendre certaines personnes en classe et à l’école mal à l’aise. Il est important pour les élèves d’apprendre à reconnaître ce sentiment et de savoir qu’il n’y a rien de mal à se sentir mal à l’aise. Ces conversations sont d’excellentes occasions pour favoriser le développement des habiletés socioémotionnelles des élèves. Il faut établir et maintenir un environnement sécuritaire pour éviter que les élèves se soustraient aux discussions lorsqu’elles ou ils ressentent ces sentiments. Présentez aux élèves des façons de reconnaître et de gérer leurs émotions; par exemple, en les exprimant de manière respectueuse, en consignant par écrit leur réflexion sur leurs sentiments et sur les raisons pour lesquelles elles et ils les ressentent, ou en faisant appel à des techniques de gestion du stress comme des inspirations profondes et des exercices de pleine conscience.
- Présentez des stratégies concrètes. Présentez aux élèves diverses façons réalistes par lesquelles un témoin ou une personne de l’entourage peut intervenir dans une situation de manière sécuritaire. Cela permettra aux élèves de comprendre que de petits gestes peuvent contribuer à changer les attitudes et les comportements relativement à la violence fondée sur le sexe. Demandez aux élèves de nommer des façons concrètes par lesquelles elles et ils peuvent intervenir, de réfléchir à des gestes qu’elles et ils peuvent poser lors d’une situation, et de réfléchir à l’impact de ces gestes. Il faut aider les élèves à comprendre qu’elles et ils ont le contrôle de leurs choix et de leurs actions en tant que témoin ou personne de l’entourage afin de leur donner les moyens de choisir d’intervenir, et de faire en sorte que leur école et leur communauté soient des endroits plus sécuritaires et heureux pour tous.
- Parlez de la violence fondée sur le sexe comme étant une question d’éthique et de moralité. Offrez l’occasion aux élèves de réfléchir à leurs attitudes, à leurs préjugés, et à leurs valeurs de manière à engendrer des discussions plus constructives et des changements dans les attitudes envers la violence fondée sur le sexe. Invitez les élèves à réfléchir sur la nature de leurs réponses. Les gestes et interventions proposés sont-ils fondés sur la crainte de se faire prendre ou sur le souhait d’agir comme citoyen responsable qui respecte les droits et la dignité de tous les individus dans une société?
- Assurez-vous de la disponibilité de services de soutien : Les discussions portant sur des sujets comme la violence fondée sur le sexe, le harcèlement, l’intimidation fondée sur le genre et l’identité, et les agressions sexuelles peuvent avoir un effet différent sur chaque personne selon son vécu. Il faut respecter la réaction de chacun et offrir du soutien. Informez les élèves des services de soutien disponibles, de ce en quoi ils consistent, et de la façon d’y accéder.